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# 17 Tristan Jeangene Vilmer : les représentations des organes sexuels externes

Tristan Jeangene Vilmer est sexologue clinicien et praticien en hypnose. Au quotidien, il propose des consultations individuelles et de couples, principalement sur les problématiques du vaginisme, des dyspareunies, de la douleurs et des émotions.

Sa démarche est intégrative : il a du plaisir à mêler différentes approches pour un suivi global et respectueux de la personne.

 

 Avec Tristan, nous avions fait un live que vous aviez adoré sur instagram sur « sexualité et émotions », et aujourd’hui on va parler des représentations de nos organes sexuels externes. C’est à dire l’image, les croyances que l’on se fait de notre sexe ou/et du sexe opposé. Ainsi, l’impact que cela peut avoir sur notre sexualité.

 

Dans cet épisode, vous allez nous entendre parler de :

  • Représentations et sa définition
  • Définition du vaginisme, des dyspareunies
  • La vulve et le pénis “idéal”
  • L’impact des représentations mentales de nos organes génitaux sur notre sexualité
  • Comment changer nos représentations ? 
  • La circlusion
  • La guerre des orifices
  • Les dyspareunies de friction

 

Les phrases clés de l’épisode :

“Toutes ces représentations c’est l’image qu’on a de soi, des autres, mais ce n’est pas la réalité”

“Un.e sexologue est quelqu’un.e qui s’occupe de la jouissance de manière générale”

“Foutez-vous la paix !”

 

Pour retrouver mon invité :

  • Consultation sur Doctolib en cherchant Tristan Jeangene Vilmer
  • Son Instagram

Ressources pour aller plus loin :

  • Circlusion. L’auteure Bini Adamczak, chercheuse sur les questions politiques queer notamment, a réfléchit à un terme plus positif, inclusif et dynamique pour remplacer le mot “pénétration “ dans le langage du sexe. En 2016, circlusion fait son apparition avec son verbe circlure.
  • Les couilles sur la table podcast
  • Maeva Ghennam explique son rajeunissement du vagin de petite fille de 12 ans
  • Episode 1 :désir ; savoir l’écouter

Mon compte instagram : @camilleparlesexe 

Mon site internet : www.camillebataillon.com

Mon email : hello@camillebataillon.com

Transcription :

00:00:00
Vous écoutez Camille Parle Sex, votre podcast bien être sexuel inspirant.

00:00:10
Je suis Camille Bataillon, sexologue clinicienne.

00:00:13
Dans ce podcast, vous l’aurez compris, je parle de sexe, de la sexualité au sens large.

00:00:18
Ce podcast, c’est un peu comme dans ma vie.

00:00:21
Je fais les choses au plus simple, sans prise de tête et selon mes propres règles.

00:00:25
Je vous parle en suivant mon humeur du moment, ma motivation, mais surtout mon instinct.

00:00:29
Pour vous donner votre dose d’inspiration.

00:00:31
Avec mes invités ou en solo, je souhaite vous donner la crème de la crème en sexologiepour réfléchir ensemble à la sexualité et vous offrir le meilleur de l’éducation sexuelle.

00:00:42
J’espère ainsi vous inspirer dans votre intimité, que ce soit seul, à deux ou à plusieurs,et faire vibrer votre sexualité.

00:00:49
Alors, bienvenue!

00:00:51
Je suis enchantée de recevoir mon confrère avec qui j’adore échanger sur la thématiquede la sexualité, Tristan Jean-Jean Vilmer, sexologue clinicien et praticien en hypnose.

00:01:03
Au quotidien, il propose des consultations individuelles et de couple, principalementsur les problématiques du vaginisme, des disparonies, de la douleur et des émotions.

00:01:12
Sa démarche est intégrative.

00:01:14
Il a du plaisir à mêler différentes approches pour un suivi global et respectueux de lapersonne.

00:01:19
Avec Tristan, nous avions fait un live que vous aviez adoré sur Instagram sur sexualitéet émotion.

00:01:25
Et aujourd’hui, on va peut-être un petit peu en parler, mais ce sera surtout sur lesreprésentations de nos organes sexuels, c’est-à-dire l’image, les croyances que l’on se faitde notre sexe, où est du sexe opposé, et l’impact que ça peut avoir sur notre sexualité.

00:01:39
Tristan, bienvenue!

00:01:41
Merci beaucoup, Camille! J’adore ta présentation, bravo!

00:01:45
Ouais, je te voyais, t’étais absorbée, t’étais avec les yeux comme ça, rêveur!

00:01:50
J’ai l’impression que tu me racontais une belle histoire, je me suis laissé en parten.

00:01:53
J’adore! Bienvenue! Déjà, ma première question, c’est quand on parle de représentationde nos organes sexuels, de représentation, déjà, qu’est-ce que ça veut dire? Commenttu définirais tout ça?

00:02:06
Le fait qu’une image ne peut pas être séparée d’une connotation personnelle.

00:02:13
L’exemple le plus flagrant que je pourrais te donner, c’est qu’il y a une différencemajeure entre, pour les personnes qui ont la phobie des araignées par exemple, entreune araignée et l’araignée en tant qu’objet, c’est-à-dire véritablement en tant qu’animal,en tant qu’objet, et les émotions que je vais projeter sur l’araignée, sous-entenduesles peurs que je vais mettre dessus.

00:02:33
Mon travail, tu vois par exemple avec des personnes qui vont avoir un vaginisme ou desdisparonies, ça va être d’aller aussi voir l’objet phobique.

00:02:43
Et l’objet phobique, souvent, c’est le pénis, et pas n’importe quelle forme du pénis,le phallus, le pénis en érection.

00:02:48
Et l’idée, c’est que ce n’est pas juste un organe, c’est une suite d’émotions, depeurs qui vont m’impacter personnellement.

00:02:56
Donc c’est en ça que, pour moi, il y a toujours un lien entre une image et une représentationpersonnelle, donc émotionnelle.

00:03:03
Intéressant.

00:03:04
Donc quoi une représentation? On voit une image, un objet, ou peu importe, un insecte,un animal, une personne, et on y associe une émotion.

00:03:13
Voilà.

00:03:14
On y associe une émotion.

00:03:16
On y associe des représentations personnelles.

00:03:19
Et c’est d’autant plus vrai quand on parle des organes génitaux, parce que ces représentationsne sont pas anodines.

00:03:28
On n’est pas en train de parler d’un verre ou d’un crayon.

00:03:31
On est en train de parler de quelque chose qui va avoir un impact potentiellement detabou, un impact politique, un impact en termes d’histoire de l’art, etc. etc.

00:03:44
Tout a une représentation.

00:03:46
Toutes les représentations ont un écho interne dans mon être intérieur, mais certainesreprésentations ont plus d’écho que d’autres.

00:03:54
Voilà.

00:03:55
Oui, comme tu disais, des représentations qui peuvent du coup être associées à quelquechose de phobique.

00:04:02
Alors tu parlais de vaginisme, de disparonnie.

00:04:04
Est-ce que tu peux expliquer ce que ça veut dire pour les personnes qui ne connaissentpas?

00:04:07
Un vaginisme, c’est un trouble qui consiste en des contractions réflexes et inconscientes,c’est important d’insister sur le mot inconscient, du plan chépellevien qui empêche ou compliqueparce qu’il y a des douleurs, tout type de tentative de pénétration slash circlusion.

00:04:25
Les disparonnie, c’est les douleurs ressenties au moment où il peut y avoir cette tentativede pénétration.

00:04:32
Ça peut être masculine et féminine quand on parle de disparonnie.

00:04:35
On a tendance surtout à parler des disparonnie féminine, mais il en existe aussi du côtémasculin.

00:04:40
Et quand je te parle de tout ça, l’idée c’est aussi de comprendre que l’image qu’onpeut avoir des organes génitaux, par exemple l’image que je peux avoir de l’organe demon partenaire et de la représentation interne que ça va m’évoquer, ça peut aussi parlerde l’image que je vais avoir de ma propre représentation personnelle, de mon organegénital à moi.

00:05:07
Est-ce que tu peux donner des exemples?

00:05:08
Oui.

00:05:09
Je faisais un tour sur ton site il n’y a pas très longtemps et tu parlais de l’exempledu « tiens, je vois ma vulve dans mon miroir », l’exercice assez connu qui consiste às’accroupir devant un miroir, essayer un peu de se mater pour voir un petit peu commenton est fait de cette partie-là de notre corps.

00:05:27
Parfois on se dit « waouh, je n’imaginais pas ça », sous-entendu ce n’est pas lareprésentation que j’avais.

00:05:34
Ou alors au contraire, je peux la voir et avoir une émotion désagréable du genre « oh,qu’est-ce que c’est moche », ou au contraire avoir une émotion agréable du genre « bonen fait ceci est plutôt sympa », ou je peux avoir une émotion qui va me dégager de l’excitationdu genre « eh en fait je suis sexy », donc ça c’est la représentation interne.

00:05:54
La représentation interne, ça nous parle de l’image qu’on a de soi-même, l’imageque la société nous renvoie aussi.

00:06:01
Le problème c’est que les images sociales sont genrées et sont politisées, donc ellesne sont pas pareilles quand on est un mec ou une femme, en tout cas comme on est identifiécomme thème.

00:06:12
Et puis ça peut aller de la simple image de soi jusqu’à la dysmorphophobie.

00:06:19
La dysmorphophobie c’est le fait de se percevoir pas tel qu’on est.

00:06:23
Par exemple, je ne sais pas, je pourrais prendre en exemple quelqu’un qui souffriraitd’un trouble du comportement alimentaire, qui serait excessivement maigre et qui sepercevrait comme étant grosse, en face du miroir, alors que factuellement la personnen’a que la peau sur les os, si je puis dire.

00:06:38
Donc ça c’est une dysmorphophobie.

00:06:41
Et il y a des dysmorphophobies assez communes, notamment chez les garçons, où on peut seposer la question du « mon sexe est trop petit », « mon sexe n’a pas la taille qu’ilfaut », « mon sexe n’a pas la forme qu’il faut », parce que l’image sociale qu’onnous vend, notamment dans le porno, ce sont des sexes gigantesques et très puissants.

00:06:59
Donc là c’est vraiment la représentation qu’on se fait.

00:07:02
On se dit en fait « un pénis dans ma représentation interne doit être gros, parce que c’estce que je vois, doit être gros, doit être fort, puissant, en érection ». C’est lareprésentation que j’en ai quand je regarde des films porno.

00:07:14
C’est la représentation qu’on me dit, qu’on m’inculque.

00:07:18
Et donc du coup, quand je ne suis pas là-dedans, ça vient chambouler un petit peu aussi effectivementl’image de cette définition-là, de ce qui est un pénis sous nos organes.

00:07:28
Et là, pour revenir aussi sur l’exercice du miroir qui est… Bah là, je parle pourla vulve puisque j’avais fait cet exercice-là moi-même, de regarder sa vulve dans un miroir.

00:07:38
Et la première fois que je l’ai fait, effectivement, l’émotion qui est rattachée, c’était dela peur et « qu’est-ce que c’est que ça? » Une sorte de « waouh, je découvre quelquechose pour la première fois et ça m’effraye ».

00:07:48
Ce qui est intéressant par rapport à ton témoignage, tu vois, c’est qu’il y a cetobjet neutre, un organe, une partie de ton corps, qui peut être tout aussi neutre qu’unnez, qu’une oreille, qu’une bouche.

00:08:04
Mais tu vas y plaquer des émotions.

00:08:06
Et tu vas y plaquer des émotions potentiellement parce que c’est la première fois que tu voisça aussi bien, potentiellement aussi parce que socialement, on n’a pas au peu de représentationd’organes génitaux dit féminins depuis la sédentarisation.

00:08:20
Il y a une fracture dans l’histoire de l’art à partir de la sédentarisation.

00:08:24
Ce qui est surtout représenté dans l’histoire de l’art, ça va être des pénis, rarementdes pénis en érection, sauf à des fins magico-rituelles, si je peux dire.

00:08:37
Rarement des testicules, par exemple, surtout des pénis.

00:08:40
Et en fait, tout ça, ça va avoir un impact sur la manière dont on vit nos organes génitaux.

00:08:46
Et donc, toi, ce que tu as réussi à faire et ce que je trouve génial, c’est que tuas réussi à passer du corps objet, cette vulve est extérieure à moi et je ressensdes émotions par rapport à ça, jusqu’au corps sujet où tu t’es dit c’est une partiede moi, ce sont des émotions, voire même, pourquoi pas, je peux en jouir.

00:09:06
Et là, tu te sujettises.

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Et là, tu as un pouvoir quand tu fais ça.

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Est-ce que le pouvoir, il est seulement quand je jouis, c’est-à-dire dans le sens, jele change en quelque chose de positif ou est-ce que même si c’est quelque chose de négatif,genre, ah c’est terrifiant, est-ce que je peux quand même être sujet et actrice deces représentations?

00:09:27
Je pense qu’on est toujours acteur ou actrice des représentations qu’on a de nous et quec’est tout l’intérêt d’un suivi thérapeutique, c’est qu’on peut aussi agir sur ces représentationset que le monde est aussi la perception qu’on en a, les autres sont la perception qu’onen a, donc si on modifie cette perception, on modifie notre manière d’aborder le monde.

00:09:49
Donc si je modifie l’image que j’ai de moi, je me modifie moi et je modifie jusqu’àparfois ma capacité à jouir, tu vois, ma capacité à vraiment aller vers une jouissance,vraiment une sorte d’extase, d’épanouissement personnel, donc il y a effectivement unesorte d’empowerment extrêmement fort dans l’acte de jouissance.

00:10:09
Oui, ok, je vois, dans le sens où effectivement, en plus, une fois qu’on peut avoir ces représentations-là,les changer, on se les approprie et on peut en jouir parce que ça nous donne cette confianceaussi en nous si on change cette représentation-là interne en quelque chose de plus positif.

00:10:27
Et ma question est comment on peut changer justement ces représentations internes quandon, par exemple, on part d’une image, par exemple là, si on prend ce cas là, maisquand on part d’une image terrifiante et ce qu’on peut voir dans le vaginisme, commetu disais au tout début avec cette image du pénis, du phallus qui est énorme et quine rentrera jamais, qui peut blesser, qui peut faire mal, comment on peut changer cette représentationinterne?

00:10:49
La toute première chose, c’est d’en prendre conscience, déjà, de prendre consciencede son système de croyance et de son système de représentation. Par exemple, moi je lerépète plusieurs fois par semaine, mais j’essaye de faire comprendre que la représentationsociale, celle qu’on nous impose, elle est dirigée, elle est politisée. Aussi, le faitque, je pense que c’est la base de la base de la base, faire comprendre que la sexualité,elle est culturelle, elle n’est pas naturelle. Si elle n’est pas naturelle, elle est culturelle,au même titre que c’est normal pour un être humain de manger, mais de comment on mange,comment on cuisine, ça c’est culturel. Comment on a un rapport sexuel, comment on abordeses organes génitaux, ça c’est culturel aussi. Donc si c’est culturel, c’est politique,si c’est culturel, c’est qu’il est question de la responsabilité parentale, de l’éducationnationale, de la société, des films, du porno. Et là, ça donne des images qui sont desimages qui ne sont pas anodines, ces images-là ne sont pas neutres. C’est des images quisont très dirigées. Le pénis s’est présenté comme étant une machine-outil. Moi, c’estcomme ça que je le définis, le pénis machine-outil. C’est-à-dire que le pénis s’est fait pourbander, il est fait pour durer longtemps et éjaculer à la fin, à un certain moment,d’une certaine manière. Où est l’orgasme dans le sens de plaisir, dans le sens de

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laisser aller? Où est la jouissance masculine? Elle est très peu représentée, comme sila jouissance masculine venait du fait de bander de ce qu’il faut. Je peux bander sansjouir, je peux jouir sans bander.

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Oui. Et donc là, ça voudrait dire presque que la jouissance est reliée à quelque chosede mécanique en fait. En tant comme, quand tu parles de ces représentations où le pénissert à bander et quand il bande, c’est là où je peux jouir de ça. Mais c’est une jouissancedu coup, comme tu dis, objet mécanique. Et une jouissance du pouvoir.

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Mais pas dans son ensemble de l’orgasme.

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Exactement. C’est-à-dire que c’est une jouissance de ma capacité à bander. Si je n’ai pascette capacité à bander, je ne suis socialement pas considéré comme étant un homme. C’estun peu la critique qu’on pourrait me faire parfois. Avec le fameux mot qui consiste àdire que tu es impuissant, ce qui est terrible. Là aujourd’hui, on réfléchit à l’impactde des mots. Le mot impuissance, il fait mal. Il est douloureux. Et c’est un peu ce quej’aurais à reprocher à une vision du sexe ou de la sexologie qui serait que technique,tu vois, dans laquelle on ne pourrait pas mettre la place des émotions, la place de la questionphilosophique du pourquoi on fait les choses, etc. C’est qu’en fait, à la fin, on a destechniques robotisées du sexe et on a des pénis qui bandent et puis on a des vaginsqui sont censés être lubrifiés et ouverts et c’est censé aller de soi. Et c’est làoù moi ça me pose problème.

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Oui, ça se comprend parce qu’en plus dans le début de la sexologie et encore beaucoupaujourd’hui, on est dans une sexualité fonctionnelle. On parle de la fonction sexuelle et des dysfonctionssexuelles. Le métier de sexologue se base et s’est basé pendant longtemps sur les dysfonctionssexuelles, les troubles érectiles, le trouble de la libido, les troubles de l’orgasme,une fonction et pas forcément, comme tu disais, sur quelque chose, sur qu’est ce que déjàl’orgasme? Et on essaye de leur donner une définition scientifique qu’on peut mesurer,qu’on peut quantifier. Mais en fait, et c’est là où j’adore nos échanges, c’est parceque pour nous, l’orgasme va bien au-delà et n’a pas une définition comme ça mesurableen fait.

00:14:32
Complètement et pendant des milliers d’années, les personnes qui réfléchissaient à la sexualité,c’était des théologues, c’était des grands religieux ou des grandes religieuses ou desgrands religieux. Et c’est plus le cas maintenant ou c’est moins le cas maintenant, en toutcas en Occident. D’un côté, c’est tant mieux parce que ça évite de tomber dans dessystèmes de croyances qui sont parfois délétères, dans des systèmes de domination qui sontdélétères. Mais d’un autre côté, il y a une des choses que pouvait apporter dansune dimension philosophico-spirituelle, cette approche-là, c’est la dimension d’extase.

00:15:08
Et c’est ce qu’on ne retrouve pas dans la sexologie purement scientifique qui consisteà quantifier, à mesurer, dans la dictature du chiffre, tu vois. Et on ne peut pas forcémentavoir la part d’expérience personnelle, de développement personnel, d’intérêt,d’expérience, d’orgasme dans sa fonction la plus humaine, pour le coup. Et là, onquitte un petit peu le sujet de la représentation, mais ça fait partie de ça aussi parce quela manière dont on réfléchit à la sexologie va jouer sur les représentations aussi qu’ona derrière, nous-mêmes en tant que professionnels.

00:15:43
Oui. Et du coup, quels peuvent être les impacts, toi que tu vois aussi dans ta pratique,l’impact de ces représentations que l’on se fait? On a compris, elles sont internes,elles sont sociétales, elles sont tout ce que tu veux. Quels peuvent être l’impactdes représentations de nos organes génitaux sur notre sexualité?

00:16:00
Un petit test que je fais souvent, que tu dois bien connaître. Bonjour, on m’a ditque j’avais un vaginisme, je veux voir ce que je veux faire. Ah oui, ok, d’accord.

00:16:13
Papier, crayon, dessinez-moi votre sexe. Alors, la phrase que je prononçais, est-ceque vous pourriez me dessiner votre sexe tel que vous le ressentez? Comme ça, jedonne une phrase assez large et je ne leur demande pas un dessin biologique, je leurdemande juste dessinez-moi votre sexe tel que vous le représentez, tel que vous leressentez. Et là, j’ai la majorité du temps sur une feuille, dans un coin à droite ouà gauche, dans un coin, une toute petite vulve qui est composée de deux parenthèses lesunes sur les autres qui sont censées représenter les lèvres, sans poils, donc une vulve quiest représentée parfois comme étant une vulve quasiment d’enfant, quand je leur demandequel âge a cette vulve, est-ce que c’est une vulve d’adulte, une vulve d’enfant, mêmeune femme de 30 ans pourrait me dire c’est une vulve d’enfant ou d’adolescente par exemple.

00:16:56
Donc tu vois, la représentation, est-ce que je me représente comme étant une adultesexuée, une adulte active, une adulte jouissante ou est-ce que je n’ai pas cette représentationde moi, est-ce que mon développement sexuel s’est stoppé à 15 ans parce que j’ai vécuun traumatisme par exemple ou parce qu’on ne m’a pas donné les clés pour ce développement.

00:17:16
Et puis après je leur demande est-ce que vous pourriez représenter le pénis de votrepartenaire, par exemple si il y a un partenaire dans l’histoire.

00:17:25
Et là on me fait un phallus gigantesque sur la feuille, un truc énorme qui prend genrela moitié de la feuille, je leur dis il est en érection ou il n’est pas en érection.

00:17:34
Parfois il n’est pas en érection donc elle redessine encore plus gros à côté et moije leur dis excusez-moi mais la première chose qui me vient c’est ça rentrera jamais,c’est pas possible en fait et là tu vois l’impact, tu vois qu’elles ont compris,qu’elles se sont dit à merde en fait, je visualise la taille du pénis de mon partenairecomme étant gigantesque, ce qui est quand même rarement le cas en moyenne en France,c’est quoi? Je crois que c’est une 13 cm, 14 cm, ça ne m’intéresse pas trop ces trucs-làmais je crois que c’est à peu près une moyenne.

00:18:02
Non moi non plus, je ne suis pas dans les chiffres mais c’est à peu près 13 ou 15 cm,vous ferez vos recherches groupières, nous ça ne nous intéresse pas la taille du pénis.

00:18:14
Et de l’autre côté on a un orifice qui est représenté comme étant tout petit,comme étant minuscule et en fait mon travail après c’est d’essayer de leur faire comprendreque les représentations qu’on a vont avoir un impact sur la sexualité.

00:18:29
Si on représente le pénis comme étant un objet sacro-saint, comme étant une machine-outil,comme étant un objet de domination, comme étant une lance qui est capable de me perforerjusqu’au ventre, tout ça ce sont des citations de personnes que j’accompagne.

00:18:45
La phrase qui me revient à chaque fois et qu’on a pu dire qui m’a choqué,c’est quand il me pénètre j’ai l’impression que c’est lui qui se fait une place à l’intérieur de moi.

00:18:57
Et après on a travaillé sur le mot « circlure », un nouveau mot, un nouveau concept,une nouvelle image, une nouvelle représentation.

00:19:06
On a travaillé sur le mot « circlure » et elle m’a dit « mais attends, quand je le circlue,c’est moi qui vais le masser en fait, c’est moi qui l’entoure, c’est moi qui le pouvoir.

00:19:16
C’est pas juste l’inverse du mot « pénétrer », ça va plus loin, c’est moi qui suis actif,je vais en fait, je vais venir masser comme avec une main son pénis.

00:19:25
Et moi c’est ce que j’essaie de leur faire comprendre.

00:19:28
Et l’importance des mots, c’est ce que tu disais, ce que tu peux dire, ce que c’est « circlure » du coup,et comment cette nouvelle représentation peut impacter positivement aussi la sexualité.

00:19:36
« Circlure », c’est un néologisme qui a, quelques années, qui a été créé par,je me souviens plus, rappelle-moi c’est qui.

00:19:45
Je sais plus mais je sais que pour moi la première fois que je l’ai entendu,c’était avec Victoire sur les coups sur la table, mais il y en a plusieurs,il faudra qu’on retrouve, je remettrai dans les notes de l’épisode.

00:19:54
Et donc c’est un néologisme qui consiste à l’origine à décrire le fait de « faire cercle autour d’eux ».

00:20:04
Donc ça peut dire par exemple, je peux circuler un verre, je peux circuler un stylo si je le tiens dans ma main,je peux circuler dans le cadre sexuel avec ma bouche, un pénis, un sextoys, un doigt, avec mon anus, avec mon vagin,je peux circuler quelque chose ou quelqu’un.

00:20:20
Donc c’est l’acte de faire cercle autour d’eux à partir en l’occurrence d’un orifice dans le cadre sexuel par exemple.

00:20:25
Dans Globet, alors là je suis en train de regarder du coup parce que j’avais fait un post là-dessuset j’essaye de retrouver justement la définition parce que j’avais expliqué, voilà, circulation.

00:20:36
Et je peux dire, tata, dans le livre « Les couilles sur la table » de Victoire Tualion, elle en parlait,mais c’est l’auteur Benny Adamsnack qui est chercheur sur les questions politiques queer,qui a notamment réfléchi à un terme plus positif inclusif et dynamique pour remplacer le mot « pénétration ».

00:20:57
Et donc c’est en 2016 que « circulation » a fait son apparition avec son verbe « circlure ».

00:21:04
Nous savons tout.

00:21:06
Et donc le fait, là, comme tu disais, pour les personnes qui par exemple peuvent avoir cette représentation-là,d’être pénétrés, qu’on prenne de la place dans leur corps,j’imagine que comme impact dans la sexualité, ça peut être des douleurs ou même ne pas avoir envie de sexualité,voire du vaginisme tellement c’est effrayant, je veux ne laisser personne entrer dans ce temple qui est mon corps.

00:21:30
Exactement.

00:21:31
Et les mêmes personnes peuvent avoir une représentation de leur vagin comme étant un tuyau rigide, tu vois,comme un tuyau d’arrosage rigide.

00:21:41
Alors quand tu leur expliques que c’est pas comme sur les dessins de biologie, que les dessins de biologie ils ont faux,et puis que c’est un peu comme, je sais pas, si on mettait deux coussins les uns sur les autres.

00:21:52
Donc ça veut dire que, certes, il y a un orifice, mais après, les organes à l’intérieur prennent de la place.

00:21:58
Et en fait, quand tu circules, tu circules avec ta vessie, tu circules avec ton utérus,tu circules avec toute ta chaîne musculo-ligamentaire, tu circules avec la totalité de ce que t’es jusqu’au diaphragme,parce que la contraction d’un diaphragme peut avoir une conséquence sur la sensation de pénétration.

00:22:19
Et évidemment, ce qui est délétère, c’est que si je représente ça comme étant quelque chose de petit, de rigide, de non souple,je parle de mon vagin, et qu’en face de ça, j’ai un gourdin monumental qui me fait peur, ça rentrera jamais, c’est logique.

00:22:33
Et ça, c’est valable aussi pour les personnes qui ont des problèmes d’érection.

00:22:37
S’ils visualisent leur pénis comme étant une machine-outil, bah le truc, il bande pas comme j’ai envie de bander,ça fonctionne pas, ça m’énerve, je vais m’agacer, je vais stresser, donc je vais rajouter de la charge mentale, de la pression,et en fait, je vais encore moins réussir à me laisser aller et avoir une érection.

00:22:54
Donc c’est un cercle vicieux, c’est terrible d’un côté comme de l’autre.

00:22:57
Oui, donc on voit que cette représentation peut vraiment influencer sur la sexualité et son rapport à soi aussi,l’estime de soi, en fait, la confiance en soi, qui peuvent du coup, comme tu parlais, là, des troubles érectiles,jouer là-dessus effectivement sur cette capacité à avoir une érection, parce que je doute, parce que je me mets une pression,et la pression tue déjà toute excitation et tue toute confiance, ce qui fait que c’est difficile d’avoir une érection dans ces cas-là.

00:23:23
C’est ce que j’essaie de leur expliquer, que le pire ennemi de la sexualité, c’est le stress,que le meilleur ami de la sexualité, c’est la détente et le relâchement,et tu vois, il y a aussi tout un mouvement sur le fait de muscler son périnée, d’être actif, d’être musclé de cette zone-là, etc.

00:23:41
Et pourquoi pas? Tu vois, j’ai de la chance à ce niveau-là, il y a quelqu’un qui a radicalement changé ma vision que je pouvais avoir du périnée,c’est ma compagne, elle est qui-née, elle est spécialisée en rééducation périnéeale, elle ne fait pas de la rééducation qui est intrusive,elle fait de la rééducation avant tout pédagogique, et je me rends compte du fait que, grâce à elle,que la capacité de détente, elle est mille fois plus importante que la capacité de contraction.

00:24:11
Et en fait, quand tu arrives à te détendre, mais tu passes des moments qui sont magiques,alors que socialement, on nous pousse à bander, à contracter, à agir, il faut toujours muscler tout, il y a une obsession,et en fait, ça fait partie d’une guerre des orifices, on devrait…

00:24:28
Toutes les convoitises sont tournées autour de ça, et moi, ce qui me choque là-dedans,c’est cette image qu’on peut avoir de nous-mêmes, et aussi la violence qu’on peut s’imposer à soi à travers cette image,et le manque de tolérance à soi, le manque de bienveillance avec soi-même.

00:24:46
Et peut-être qu’après tout, c’est le propre de l’humain de s’insurger contre son image,parce que les autres animaux non humains, ils ne s’insurgent pas.

00:24:56
Un singe, il peut se regarder, un singe non humain, il se regarde dans le miroir, il sait que c’est lui.

00:25:02
Est-ce qu’il s’insurge de l’image? Est-ce qu’il va se dire « Oh, c’est moche, c’est pas esthétique,j’ai pas le nez qu’il faut, le cou qu’il faut, voilà, j’ai un morceau de gras à tel endroit,je ne pense pas qu’il fasse ça ». Et cette dictature du « je », du « moi », de l’image de soi,de ce qu’on appelle en Occident l’égo, elle a commencé avec l’invention du miroir il y a 3500 ans,et les réseaux sociaux font exploser ça, tu vois. C’est cette image de soi, l’importance de l’image de soi.

00:25:32
Oui, c’est super intéressant en plus avec ce parallèle avec aujourd’hui concrètement, actuellement,avec les réseaux sociaux, mais je voulais rebondir aussi sur ce que tu disais par rapport au pérennéet à cette injonction à ce qu’il soit tonifié. Or, nous savons que dans la sexualité, un pérennéhypertonique peut créer des douleurs, peut créer des disparonnies, du vaginisme.

00:25:51
Et en fait, on a toujours cette peur d’avoir justement le vagin trop large, qu’on perde en sensation,que ça devienne trop élastique. Et en fait, ma kiné me disait qu’en consultation, elle a une majorité de femmesqui ont finalement un pérenné bien tonique, mais qui ont du mal à prendre conscience pour venir le détendre.

00:26:12
Et moi, je suis dans ce cas-là, exactement, dans ce cas-là, après accouchement, un pérenné plutôt tonique,et on peut voir qu’effectivement, ça peut créer des douleurs dans la sexualité.

00:26:22
Donc l’importance d’apprendre à aussi venir détendre ce muscle-là. Or, dans notre société, tout doit être tonique.

00:26:30
Et là, même pour les femmes, c’est souvent, il faut rentrer le ventre, avoir le ventre plat.

00:26:33
Et comment on fait pour avoir le ventre plat? On le contracte sans cesse.

00:26:37
Et en le contractant sans cesse, le pérenné est aussi contracté.

00:26:40
Et donc, c’est de venir déconstruire aussi toutes ces représentations-là de ce qui est le corps d’une femmeet de se donner cette liberté de se réinventer une image à soi qui est complètement différentede ce que la société nous impose et qui peut nous faire en fait, et qui nous fait généralement aussi du mal.

00:26:56
Complètement, sur le pérenné trop tonique, moi, je dois avoir entre, disons, 5 et 10 personnes par semainequi ont des problématiques de disparonnie ou de vaginisme. Donc c’est vraiment un gros pourcentage de mes accompagnés.

00:27:12
Dans tous les cas, il y a des problèmes d’hypertonie.

00:27:15
Dans le sens où à chaque fois, le pérenné est trop tonique, à chaque fois, on a du mal à le détendre.

00:27:19
Et je dirais que ça va un peu plus loin.

00:27:23
Il y a aussi une visée qui est politique et l’impact du patriarcat aussi derrière.

00:27:27
Parce que si je ne suis pas tonique, je ne vais pas serrer le pénis de mon partenaire.

00:27:32
Mais si je ne sers pas le pénis de mon partenaire, qu’est-ce qui se passe?

00:27:35
Il ne va pas avoir de plaisir, soi-disant. C’est ce qu’on imagine.

00:27:37
C’est l’image sociale qu’on représente et tous les délires qu’on peut avoir, qu’on trouve aussi sur beaucoup de sites porno.

00:27:43
Avoir un vagin serré, avoir un vagin… Tu te souviens, l’influenceuse qui avait parlé de vagin de jeunes filles ou de petites filles?

00:27:55
Qui elle-même, d’ailleurs, a dû se faire manipuler par un gars qui a dû gagner beaucoup d’argent derrière et qui…

00:28:00
Le gynéco en charge esthétique.

00:28:05
Tout est fait pour faire croire aux femmes si c’est héros, en l’occurrence en particulier,qu’il faut qu’elles soient plus toniques, qu’elles soient plus serrées pour faire du bien à leur partenaire.

00:28:17
Et je pense, ma conviction personnelle à ce sujet-là,je pense que ça vient d’un manque d’éducation, de sensorialité des pénis masculins.

00:28:27
Parce qu’en fait, les mecs se masturbent toujours de la même façon depuis qu’ils sont gamins, tu vois.

00:28:31
Quand à 10, 12, 13, 14 ans, quand tu commences à te masturber, tu te masturbes avec ta main.

00:28:35
Et masturber un pénis avec sa main, c’est plutôt simple. Tu fais des allers-retours, tu sers.

00:28:40
Et donc tu finis par éjaculer en faisant ça. Donc c’est un peu ta norme sexuelle,c’est d’être serré, de faire des allers-retours et d’éjaculer.

00:28:46
Donc il y a quoi? Il y a érection, et puis après il y a pénétration, éjaculation, résolution.

00:28:52
On revient à cette phrase sexuelle, à cette grammaire sexuelle qui est simple.

00:28:58
C’est un théâtre simpliste et politiquement dangereux aussi derrière.

00:29:05
Parce que ça pose la question de la domination masculine.

00:29:11
Et de l’autre côté, on va avoir des personnes qui vont se dire« bon, moi il faut que je sois serré, il faut que je sois étroite, il faut que je sois… »Surtout en post-accouchement par exemple, le fameux point du mari, etc.

00:29:23
Tout est fait pour nous faire croire que plus c’est serré, mieux c’est.

00:29:27
Et c’est faux parce qu’un mec qui apprend à se détendre,qui apprend à ne rien faire dans la sexualité, à ne pas être dans le faire,qui apprend à être dans le laisser-aller, qui arrête de bouger, de bouger ses fesses,de pénétrer, de machin juste, il arrête.

00:29:40
Je sais pas, limite si c’est consenti on l’attache, on le met une culotte dans la bouche,et puis il arrête de bouger.

00:29:45
Tu m’as compris le principe, c’est vraiment, on se détend, on se lâche.

00:29:50
Consenti, on a bien dit.

00:29:51
Consenti.

00:29:53
À ce moment-là, cet homme pourra ressentir des sensations et atteindre l’orgasme,atteindre une jouissance et arrêter dans le pénis machinouti.

00:30:05
Et à l’inverse, de l’autre côté du miroir, tu vas avoir des petites fillesqui se masturbent avec une masturbation extérieure clitoridienne,des jeunes ados qui se masturbent de plus en plus avec une masturbation clitoridienne.

00:30:19
Le clitoris c’est le pénis, c’est la même chose, un pénis c’est un clitoris.

00:30:22
Donc en fait, on masturbe le même organe, chacun de notre côté.

00:30:24
Moi je masturbe mon pénis, moi je masturbe mon clitoris.

00:30:28
Et puis à 17, 18, 19 ans, je me retrouve sur le dos,alors que j’ai l’habitude de masturber sur le ventre par exemple,je me retrouve sur le dos, les jambes écartées avec un pénis à l’intérieur de mon vaginet je devrais avoir du plaisir.

00:30:41
C’est quoi ce délire?

00:30:42
À quel moment on peut penser qu’on va avoir du plaisir juste parce qu’on est pénétrés?

00:30:46
Ça c’est l’image sociale qu’on nous donne.

00:30:49
Oui, c’est ça, c’est une représentation de ce que doit être la sexualité,donc comment on doit faire sexualité.

00:30:56
Et c’est super intéressant, même comme tu disais pour les hommes,et je voulais revenir sur ce que tu disais aussi qui était super intéressant,cette injonction aux femmes d’être tonique,parce que tonique égale plaisir, plaisir masculin,pour faire plaisir aux partenaires et du coup en faisant,là si je parle bien de l’injonction d’être tonique,en faisant du bien à son partenaire,c’est au détriment de son plaisir à soi,parce qu’on a vu qu’en étant trop tonique,on peut créer effectivement pour les femmes des douleurs,et donc ok, on a peut-être un périnétonique,un vagin étroit comme les hommes aiment,et qui peuvent peut-être leur faire du bien, ça dépend,mais du coup au détriment des femmes,et finalement au détriment de la sexualité du couple.

00:31:40
Et c’est pour ça que parfois ça peut créer limite des disparonnies de friction.

00:31:44
Moi j’ai certains accompagnés,ou certaines accompagnées qui vont,dans le cadre de leur relation sexuelle, avoir des disparonniesqui sont dues à une trop forte contraction volontaire,je ne parle pas d’une contraction inconsciente,volontaire pour serrer le pénis,et en fait à la fin, si ça dure longtemps et que c’est serré,ça crée des frictions, et ça crée des disparonnies de frictions,donc c’est vraiment manque de lubrification,trop grande friction, trop grande tonicité,les organes n’ont pas la place de se laisser aller,n’ont pas la place de s’écouter, de s’entendre,de se caresser de ce machin,ça frotte comme une boîte d’allumettes,dans l’impression que ce serait comme une allumette,ça frotte et ça fait de l’effet quand ça frotte.

00:32:25
Ça brûle quoi.

00:32:27
Ça brûle, c’est ça ça brûle.

00:32:29
Oui, oui.

00:32:31
Je ne connaissais pas le terme disparonnie de friction,et du coup s’il y a des personnes qui écoutent et qui se retrouvent là-dedans,qui réalisent, ah oui en fait c’est ce que je fais dans ma sexualité,quels peuvent être les conseils pour justementarriver à se détendre et finalement en profiter d’une manière différente?

00:32:46
Première chose, je pense qu’on sera d’accord toi et moi là-dessus,enfin je ne veux pas parler en ton nom, tu me diras ce que tu en penses,mais la première de toutes les choses,c’est que chacun est responsable de son plaisir.

00:32:57
Ce n’est pas moi qui fais du bien de mon partenaireavec ma super technique magique,c’est mon partenaire qui est dans une dispositionpsycho-émotionnelle suffisante pour avoir du plaisir.

00:33:07
Déjà ça c’est important de bien l’intégrer,bien intégrer aussi les représentations.

00:33:13
Je ne suis pas.

00:33:15
De bien intégrer les représentations dont on a parlé,c’est-à-dire qu’un pénis c’est rien d’autre qu’une éponge remplie de sang,il faut arrêter d’en faire un truc magique hyper puissant.

00:33:27
On regarde la représentation mythologique, Osiris, Priap etc.

00:33:31
C’est des représentations même pornographiques quoi,le pénis il est dur, il est puissant.

00:33:36
Ça fait des milliers d’années que c’est comme ça,on peut peut-être se calmer un peu là-dessus.

00:33:40
Donc le pénis c’est une éponge remplie de sang,un pénis c’est quelque chose de fragile,un pénis c’est fragile.

00:33:46
Je tire dessus, je peux faire une rupture du frein,si je le plie dans un sens je peux faire un hématome interne,si je fais trop de friction je peux créer des disparonnies,c’est fragile un pénis.

00:33:56
Et de l’autre côté on va avoir un périnée,on va avoir un vagin, on va avoir une vulve,qui est capable de merveille orgasmique.

00:34:08
Et l’idée ça va être de changer aussi cette représentation-làen se disant tiens, mon périnée,en tout cas dans le cas des femmes 6,il est biologiquement fait pour faire passer un bébé.

00:34:22
Et les hormones qu’on a lors de l’accouchement,comme tu l’as déjà pu le dire plein de fois,c’est les mêmes que dans le cadre de la rapport sexuel.

00:34:28
Plus on se détend, plus mieux ça se passe.

00:34:32
Donc ce que j’aurais à dire d’une manière simple et courte,ça serait, on se relâche, on se détend,on arrête de mettre des enjeux monumentaux dans la sexualité,c’est censé faire plaisir,c’est pas censé être quelque chose qui est de l’ordre de l’injonction.

00:34:46
Si ça fait mal, c’est que c’est mal fait.

00:34:48
Donc on se relâche, on se relâche, on se relâche,on se fout la paix, on fout la paix à son partenaire.

00:34:53
La priorité c’est de passer un bon moment.

00:34:56
C’est ça.

00:34:58
Je sais pas toi qu’est-ce que t’aurais quelque chose à rajouter là-dessus,est-ce que t’aurais quelque chose à apporter?

00:35:02
Par rapport à ça, par rapport aux disparonnies de friction,juste pour reprendre ça,effectivement déjà de prendre conscience de ça,qu’en fait on a le périné consciemment,alors ça généralement quand on fait consciemment,on a conscience de ce périné-là,mais de se dire est-ce que là si tiens, si j’apprends à le relâcher,est-ce que moi ça peut me faire du plaisir aussi?

00:35:22
Et que c’est ok si ça peut prendre un peu de tempsavant de ressentir des sensations puisqu’on a été,on s’est habitué à avoir cet acte sexuel pénétratifen étant contracté.

00:35:32
Donc on l’associe à du plaisir si jamais, voilà c’est le cas.

00:35:35
Et du coup quand on va le faire plutôt en mode relâcher, détendu,au début on peut se dire non mais là je sens plus rien,je commence à paniquer et en fait j’ai perdu mes sensationset donc c’est tout un travail aussi sur les sensations pour arriver,elles peuvent prendre du temps.

00:35:50
Ça va être de l’exploration,ça va être effectivement de mettre du lubrifiant si ça commence à brûler aussi.

00:35:55
Je voulais revenir aussi sur le pénis où tu parlais de pénis fragile.

00:35:59
Alors fragile, du coup je crispais un petit peu mais tu as raison,mais je rajouterais quand même sensible aussi, pénis sensible,parce que les hommes aussi vont dire non mais moi si on ne fait pas des,si on n’ait pas de la pression, si ça ne va pas vite, je ne sens rien,mon pénis c’est comme s’il n’était pas attaché à une émotion non plus.

00:36:16
Alors qu’il peut être sensible et du coup sensorielet du coup être réceptif à toutes sortes de pressions et de stimulations.

00:36:25
Et comme tu disais, les hommes ont besoin aussi d’explorer d’autres manièresd’accueillir les sensations.

00:36:32
L’éducation sensorielle commence quand on est bébé, commence quand on est enfant.

00:36:38
Plus on empêche un enfant de se toucher, d’expérimenter différentes sensations,et plus ça fera un adulte qui aura des problèmes de sensibilité.

00:36:47
La peau est un organe qui s’éduque et des sensibilités neurologiquement,ça a un impact et il va y avoir plein de sensibilité différentes.

00:36:56
Par exemple, ça ne va pas avoir le même impact sur mon cerveau,le toucher appuyé, imaginons que j’ai un toucher appuyé sur de la peau,que le toucher tout doux et un peu comme une caresse, comme une plume,ça ne va pas déclencher la même réaction dans mon cerveau.

00:37:12
Donc si j’éduque mon pénis, mon gland, mes testicules, mon bassin,à faire toujours la même chose d’une manière mécanique répétitive,je ne vais pas avoir la même sensibilité que si je l’éduque de plein de manières différentes.

00:37:28
Par exemple, une masturbation humide en rajoutant du lubrifiant,une masturbation en se frottant contre quelque chose,une masturbation toute douce en prenant son temps,une masturbation peut-être plus énergique, etc. et en faisant de la nuance.

00:37:41
Pour ça, c’est vrai que les femmes cis sont…

00:37:45
comment dire…

00:37:47
parfois, c’est comme si les injonctions sociales leur permettaientparfois une fenêtre un peu plus ouverte sur les types de masturbation,parce que c’est quelque chose dont on fait beaucoup la publicité.

00:38:01
On fait peut-être moins la publicité.

00:38:04
C’est très vendeur en ce moment.

00:38:06
Et puis j’imagine que c’est extrêmement rentable aussi quand on vend des sextoys.

00:38:12
Et l’éducation sensorielle, quoi.

00:38:17
Tu parlais de quelque chose de super intéressant, l’éducation sensorielle.

00:38:21
On s’éduque, c’est un apprentissage des petits,et pour les personnes qui, par exemple, n’ont pas forcément eu d’exploration corporelleou même par rapport à l’entourage, les parents qui n’ont pas forcément fait beaucoup de câlins ou de toucher physique,vous inquiétez pas parce que ça, ça prend même dès aujourd’hui,même si ça fait 30-40 ans que vous ne l’avez pas fait, mais ça prend du tempset c’est OK aussi de prendre du temps dans sa sexualité par rapport à ça.

00:38:44
Et j’avais noté autre chose aussi.

00:38:47
Ah oui, tu parlais de ces sensations-là, de venir explorer.

00:38:50
Souvent, j’ai l’impression dans les représentations,on a une représentation hiérarchique en termes de sensationsoù il y aurait une sensation, généralement celle qu’on va définir comme l’orgasme,une sensation supérieure à toutes les autres.

00:39:01
Alors que moi, souvent, je dis en fait, on a une palette de sensations et c’est pas hiérarchique,il n’y a pas de sensation qui doit être vue de manière verticale, mais plutôt horizontale,et d’explorer toute cette palette de sensations.

00:39:15
Qu’est-ce que tu en penses de ça?

00:39:17
J’aime beaucoup beaucoup ton approche.

00:39:19
Je ferais le parallèle avec… Moi, ce que j’ai tendance à expliquer,c’est que la sensibilité, tu sais, c’est un peu comme un diagramme camembert.

00:39:27
En fait, si j’exprime ma sensibilité toujours de la même façon,c’est comme si je prenais une petite tranche du camembert, je ne sais pas, à 20% par exemple,et puis en fait, toute ma sensibilité ou toutes les émotions que je peux dégager dans le cadre sexuel,parce que ce qui fait qu’on a du plaisir à avoir un rapport sexuel,c’est la quantité et la qualité des émotions et de la sensibilité que je peux avoir dans ce cadre-là.

00:39:50
Sinon, c’est juste de la mécanique, c’est pas plus intéressant que de se frotter les mains,se frotter les organes génitaux, là où c’est intéressant, c’est l’appart émotionnel qu’il y a dedans.

00:40:00
En tout cas, moi, c’est un peu mon cheval de bataille.

00:40:04
Pour certaines personnes, oui, c’est pas tout le monde.

00:40:07
C’est vrai.

00:40:09
C’était quoi ta question? Excuse-moi.

00:40:14
Oui, je sais plus. Si, si, si. Je te parlais justement de…

00:40:18
Plutôt que de hiérarchiser les sensations, est-ce qu’on peut les voir comme une palette d’outilset les explorer de manière horizontale sans se dire que je dois absolument atteindre une sensationpour que cette sensation-là soit, selon ma représentation, un orgasme?

00:40:31
Totalement d’accord avec toi. Pour deux raisons.

00:40:35
La première, c’est que attention aux injonctions et aux exercices pratiques trop précis, trop limités.

00:40:43
Parce que plus on vous donne des exercices trop précis, trop limités, avec des cadres hyperpointus,plus vous avez de chances d’échouer. Et quand vous échouez, qu’est-ce qui se passe?

00:40:51
Vous avez une mauvaise image de vous. Donc c’est pas ça qui va vous aider à aller mieuxou à mieux jouir, si je peux dire, ou à avoir plus de plaisir de manière générale.

00:40:58
Donc bienveillance, tolérance, cadre extrêmement souple et exploration la plus à votre rythme possible.

00:41:08
Et puis le second point, c’est qu’effectivement, il n’y a pas de raison qu’il y ait une sensationqui soit supérieure à une autre. Alors on peut avoir un goût particulier pour une sensation.

00:41:16
Je peux aimer qu’on me touche à tel endroit, peut-être un peu moins à tel endroit, mais…

00:41:21
Exactement, enfin, tu sais bien qu’en sexologie, on aime bien faire des comparaisons entre la sexualité et l’alimentation.

00:41:28
Il y a des auteurs qui sont vraiment spécialités là-dedans, genre Pasini par exemple,qui a beaucoup beaucoup travaillé dans Nouriture et Amour sur le lien entre la sexualité et l’alimentation.

00:41:37
Vous allez éduquer votre palais. Vous allez éduquer votre palais à la qualité d’un vin,à la qualité d’une alimentation particulière. Et même si c’est pas l’alimentation que vous avez euequand vous étiez petit, peut-être que vous pouvez découvrir plein de types d’alimentation, plein de types de mets, plein de types de cuisine.

00:41:53
Mais pour ça, il faut s’en donner les moyens. Il faut goûter. Il faut tester.

00:41:58
Il faut avoir le loisir de se dire tiens, je connais pas, peut-être que j’aimerais goûter. Tu vois?

00:42:05
Et ça, je pense que ça peut vraiment offrir une grande curiosité. Et plus on est curieux et bienveillant,parce que si on est curieux et malveillant avec soi-même, c’est compliqué.

00:42:13
Donc si on est curieux et bienveillant avec soi-même, c’est mieux. Et plus on va pouvoir augmenter un peu le panel de ses sensibilitéset avoir des milliers d’occasions, d’avoir beaucoup de plaisir dans chacune de toutes les choses du quotidien,et pas que dans la sexualité, dans vraiment toutes les choses du quotidien. Je sais pas ce que t’en penses,mais pour moi, un sexologue, c’est quelqu’un qui s’occupe de la jouissance de manière générale,pas que avec des organes génitaux. C’est quelqu’un qui parle de… C’est quoi votre rapport au plaisir?

00:42:45
C’est quoi votre rapport à la jouissance dans votre vie tout court, pas que sous la couette?

00:42:50
Non, parce qu’en plus, on voit l’impact que ça peut avoir sur plein d’autres aspects de la vie.

00:42:54
La sexualité, des fois, ça peut être une porte d’entrée, et des fois, c’est ce que je dis,de travailler sur tous les autres aspects vont aussi aider par rapport à la sexualité,des fois, travailler sur la sexualité vont aider sur d’autres aspects de sa vie autre que la sexualité.

00:43:09
J’aime bien ce que tu disais sur le goûter, goûter, goûter à tout, et ça demande aussi du coup de…

00:43:15
Parce que tu parlais de goûter, de prendre le temps, et aujourd’hui, on est dans une société où tout va vite,et donc pour les personnes, c’est aussi du coup un apprentissage ou un désapprentissage, mais non, un apprentissage,et des fois, c’est pour ça que c’est important, intéressant d’avoir un accompagnement sexothérapeutiquepour apprendre justement qu’est-ce que la sexualité, désapprendre le fait que tout doit aller vite,tout doit être dans la performance, tout doit être dans quelque chose de jouissif avec un goal, un objectif,et parce que tu vois, tout ce que tu disais de goûter, etc., moi, ça me parle, mais pour beaucoup,il y en a qui vont se dire non mais c’est pas ça la sexualité, ou qu’est-ce que c’est, enfin c’est ennuyant si on fait ça,il faut que ça arrive vite, plus ça va vite, plus il y a des sensations, en fait.

00:43:59
Oui, comme on parlait tout à l’heure, je te disais la guerre des orifices, il y a un peu aussi la dictature de la jouissance,ça ferait partie un peu des petites touchlines qu’on peut avoir là-dessus,et pour moi, c’est l’impact à la fois merveilleux et à la fois délétère de la psychologie positive.

00:44:17
C’est-à-dire que la psychologie positive va poser la question du qu’est-ce qui peut y avoir de positif à développer,ne pas s’intéresser qu’aux pathologies, qu’aux problématiques, s’intéresser aussi aux choses qui vont bien,mais la psychologie positive passée dans le rouleau compresseur du néolibéralisme,ça donne le fait qu’on vous fait croire que si jamais vous n’arrivez pas à faire quelque chose, c’est que vous n’avez pas assez travaillé.

00:44:39
Si jamais vous n’arrivez pas à faire quelque chose, c’est que vous n’avez pas fourni assez d’efforts.

00:44:43
Si jamais vous ne vous aimez pas, c’est que vous n’êtes pas regardé comme il faut,et vous devez vous aimer à tout prix, vous devez être incroyable, vous devez être merveilleux, vous devez être unique, vous devez jouir, vous devez…

00:44:52
Putain mais… Oh là là là là, moi ça me fait peur! Ça veut dire que j’ai pas le droit de pleurer quand j’en ai envie, quoi.

00:45:00
En fait, c’est à l’inverse de l’hérotisme, pas de la sexualité de l’hérotisme.

00:45:07
Vraiment, la science et l’art du plaisir, c’est vraiment à l’inverse de l’hérotisme.

00:45:13
Et du fait de prendre le temps, tu vois, de… d’aussi se poser la question de pourquoi on fait les choses.

00:45:24
Comme on en avait déjà parlé tous les deux, est-ce que je fais ce que je fais parce que j’en ai envie ou est-ce que je le fais parce qu’on m’a dit que je devais le faire?

00:45:33
Ça, c’est la question essentielle que je pose aux personnes que j’accompagne qui vont avoir un vaginisme ou une disparition.

00:45:38
Vous voulez, ok d’accord, vous voulez pratiquer une circlusion, oui bon d’accord, ok, mais vous voulez le faire parce qu’on vous a dit de le faire, vous voulez le faire parce que lui, il en a envie, vous voulez le faire parce que vous avez envie de le faire au plus profond de vous-même.

00:45:49
Et moi, je travaille pas si c’est juste lui qui a envie. Dans ce cas-là, c’est lui qui vient me voir en consultation parce que c’est lui qui a un problème. Voilà.

00:45:55
Bah oui, cette question de désir est d’où le premier épisode de ce podcast qui est vraiment sur le désir et comment reconnaître son désir.

00:46:02
Donc, je vous invite à l’écouter justement en entendant les paroles de Tristan ou dites oui, mais enfin, je sais pas vraiment ce que je veux ou je sais pas comment l’affirmer.

00:46:10
Écoutez l’épisode numéro un sur le désir.

00:46:13
Tristan, est-ce qu’il y a autre chose? J’ai une dernière question, la question oufard de ce podcast, mais avant ça, est-ce qu’il y a quelque chose que tu veux ajouter par rapport aux représentations?

00:46:27
Oui, le fait de comprendre que toutes ces représentations, c’est l’image qu’on a de soi, c’est l’image qu’on a des autres, mais c’est pas la réalité.

00:46:36
Imagos, fantasmos, toutes ces origines grécolatines nous font dire que ce sont des images, des fantasmes, des fantômes, sous-entendues.

00:46:45
Ce n’est pas la réalité, ce n’est pas le concret. Le concret, c’est vos sensations, le concret, c’est vos émotions. Le concret, c’est ce que vous ressentez dans votre chair en priorité.

00:46:55
Et même si je vais avoir l’image d’un pénis surpuissant, par exemple, du moment que j’arrive à bander, ça va, mais si un jour je n’arrive pas à bander parce que j’ai un problème dans ma vie,je n’arrive pas à bander, là tout d’un coup, c’est le drame. Et dans ce cas-là, si jamais votre image ne correspond pas à la réalité du terrain,ou si jamais l’image est trop dure ou au contraire complètement idéalisée, il va y avoir de la souffrance. L’idéal, c’est que l’image qu’on puisse avoir de soi soit le plus proche possible de la réalité émotionnelle.

00:47:27
Sous-entendu, l’amour de soi en priorité, avant l’image de soi. Donc moins d’égo, moins d’image, plus de sensations, plus d’interoception.

00:47:40
Donc interoception, c’est le fait de questionner les sensations à l’intérieur de son corps. Plus d’être et moins de faire. C’est le mot de la fin. Plus d’être et moins de faire, peut-être.

00:47:52
Ah oui, et puis, c’est ce que je dis à la fin de chaque intervention que je fais, c’est « Foutez-vous la paix ».

00:48:05
Foutez-vous la paix. Foutez-vous la paix. Ça sera peut-être la réponse à ma dernière question. Mais en tout cas, tu as super résumé cet épisode, c’était très clair, très concis, c’était super intéressant.

00:48:15
Et donc ma dernière question, c’est si les gens ne devaient retenir qu’une chose de la sexualité, ou voire de l’éducation sexuelle, qu’est-ce que ce serait? Se foutre la paix?

00:48:25
Comme la sexualité est politique et culturelle, et qu’elle vous est imposée par la culture à laquelle on appartient, par votre famille, par la politique actuelle, par l’industrie du porno,eh bien, choisissez d’inventer la vôtre. Et en inventant la vôtre, vous allez pouvoir avoir votre image à vous qui correspond à vos besoins, à votre sexualité personnelle, et pas celle qu’on vous vend. Voilà, ça serait la fin.

00:48:56
Merci, je rejoins tout à fait cette chose à retenir qui est vraiment la plus importante, en fait, de vous approprier, d’inventer la sexualité qui vous correspond aujourd’hui, aujourd’hui surtout, le plus important.

00:49:08
Tristan, merci beaucoup pour ces échanges. Je mettrai dans les notes de l’épisode où est-ce que les personnes peuvent te retrouver pour te poser des questions, consulter avec toi. Je te dis à très vite, à bientôt Tristan.

00:49:20
Merci beaucoup à toi, c’est toujours un plaisir de discuter avec toi, à bientôt.

00:49:24
Je suis toujours fan des échanges qu’on a avec Tristan. C’est vraiment chouette, ça permet d’aller vraiment en profondeur de nos représentations, de nos définitions, du vocabulaire qu’on utilise, et de penser vraiment la sexologie, et de penser vraiment la sexualité.

00:49:46
Qu’est-ce que vous avez pensé de cet épisode? Est-ce que c’était des notions qui étaient toutes nouvelles pour vous? Est-ce que ça vous a apporté des manières de pensée différentes? Est-ce que vous avez dit tiens, ça j’y avais jamais pensé et je vais m’y mettre.

00:50:00
Dites moi un peu tout ça sur ma page Instagram CamilleParleSex ou même avec des étoiles, des commentaires sur vos plateformes d’écoute, que ce soit sur Spotify ou Apple Podcast. Ça aide à référencer le podcast et ça aide à le rendre visible.

00:50:16
Donc je vous encourage vivement à le faire si vous avez passé un bon moment avec nous. Et puis n’hésitez pas aussi à me partager les invités que vous aimeriez entendre sur ce micro.

00:50:27
En attendant de revenir dans vos oreilles, je vous souhaite de belles expériences intimes. À bientôt!

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