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#23 Dr Samuel Salama : Infertilité et troubles sexuels

Dr Samuel Salama est Gynécologue obstétricien, Médecin de la reproduction, andrologue et sexologue. Il a également fait une conférence TEDX, très regardée sur l’orgasme féminin. Aujourd’hui dans cet épisode, nous allons parler d’infertilité et de son impact sur la sexualité des personnes et des couples.

Nous abordons cette thématique sous 2 angles :

1/ Quand un trouble sexuel est responsable de l’infertilité

2/ Quand l’infertilité est responsable de trouble.s sexuel.s

Dans cet épisode, vous allez nous entendre parler de :

  • Vaginisme et désir d’enfant
  • Que faire quand des dysfonctions sexuelles impactent la sexualité reproductive ?
  • Que faire quand le parcours PMA impacte la sexualité ?
  • La question éthique : couple asexuel.le et parcours PMA.
  • Est-ce bénéfique de faire une pause dans le parcours PMA ?
  • Quelques conseils pour mieux vivre sa vie intime

 

La phrase clé de l’épisode : 

« Dans la sexualité, il y a les sexophiles, les sexophobes et les intermittents »

 

Pour retrouver mon invité :

Ressources pour aller plus loin :

Mon compte instagram : @camilleparlesexe  -/- mon site internet : www.camillebataillon.com

Transcription :

00:00:00
Vous écoutez Camille Parle Sex, votre podcast bien être sexuel inspirant.

00:00:10
Je suis Camille Bataillon, sexologue clinicienne.

00:00:13
Dans ce podcast, vous l’aurez compris, je parle de sexe, de la sexualité au sens large.

00:00:18
Ce podcast, c’est un peu comme dans ma vie.

00:00:21
Je fais les choses au plus simple, sans prise de tête et selon mes propres règles.

00:00:25
Je vous parle en suivant mon humeur du moment, ma motivation, mais surtout mon instinct.

00:00:29
Pour vous donner votre dose d’inspiration.

00:00:31
Avec mes invités ou en solo, je souhaite vous donner la crème de la crème en sexologiepour réfléchir ensemble à la sexualité et vous offrir le meilleur de l’éducation sexuelle.

00:00:42
J’espère ainsi vous inspirer dans votre intimité, que ce soit seul, à deux ou à plusieurset faire vibrer votre sexualité.

00:00:49
Alors, bienvenue!

00:00:51
Hello hello, bienvenue dans ce nouvel épisode où on va parler infertilité et troubles sexuels.

00:00:59
Et pour ça, j’ai invité le docteur Samuel Salama.

00:01:03
Dans cet épisode, on va parler différentes choses et l’aborder sur différentes manièresavec les deux versants qui est le premier quand un trouble sexuel est responsable del’infertilité et le deuxième versant quand l’infertilité est responsable de troublessexuels.

00:01:19
Dans cet épisode, on va parler de ce qu’est un parcours PMA, des différentes variabilitésdans ce parcours PMA.

00:01:25
On va aussi parler de l’accompagnement psychologique sexologique dans ce parcours, s’il est présentou non.

00:01:32
Des difficultés rencontrées par les personnes selon si par exemple ça touche l’infertilitéde l’homme ou si ça touche l’infertilité de la femme et comment le couple vit toutça.

00:01:43
On va aussi se demander mais qu’est-ce qu’on peut faire? Comment on peut entretenir savie de couple en dépit des traitements, en dépit de ce parcours PMA? Bien que la loiélargie l’accès à la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmescélibataires, dans cet épisode je trouve qu’on parle plus quand même des couples hétérosexuelsvis-à-vis de ça et de l’impact que ça peut avoir sur le corps d’une femme.

00:02:08
Vous m’entendrez parler de PMA et quant au docteur Samuel Salama, vous l’entendrez parlerde AMP.

00:02:14
Quelle est la différence? Aucune.

00:02:16
PMA ça veut dire procréation médicalement assistée et AMP, assistance médicale à laprocréation.

00:02:24
C’est juste une histoire de terme.

00:02:25
Voilà, je sais que cet épisode va parler à nombre d’entre vous qui justement envisagezou êtes dans le parcours PMA ou avez été dans le parcours PMA.

00:02:35
C’est un sujet qui me semble combien important de pouvoir en discuter parce que on le saitdans ce parcours il y a de nombreux challenges et de difficultés rencontrées et souventun manque d’accompagnement, un manque d’information en termes de sexualité et de relationnel.

00:02:53
On en parle justement aussi dans cet épisode et de manière plus personnelle cet épisodeme parle également profondément puisque je suis une enfant issue de la PMA dans les années90 donc il y a plus de 30 ans de ça.

00:03:06
J’en ai fini avec mon topo, place à l’épisode, bonne écoute.

00:03:10
Dr Samuel Salama est gynécologue obstétricien, médecin de la reproduction, androloge et sexologue.

00:03:16
Il a également fait une conférence TADX très regardée en 2017 sur l’orgasme féminin.

00:03:21
Aujourd’hui dans cet épisode, nous allons parler d’infertilité et de son impact surla sexualité des personnes et des couples.

00:03:27
Samuel, bienvenue sur le podcast.

00:03:29
Bonjour Camille, bonjour à tous.

00:03:31
Super, alors quand on a discuté en amont de cette préparation d’épisode, tu m’asbien dit que dans l’infertilité et les troubles sexuels, il y a deux versants à approcher.

00:03:42
Le premier, c’est quand un trouble sexuel est responsable de l’infertilité et le deuxièmeversant qui est souvent celui qui regroupe le plus grand nombre de personnes, c’estquand l’infertilité est responsable de troubles sexuels.

00:03:56
Pourquoi déjà ça te semblait important de faire cette différenciation?

00:04:00
Parce qu’il y en a un qui a un motif de consultation, c’est-à-dire que c’est des gens qui ontleur vie, leur sexualité, puis un jour ils se heurtent au problème de « on veut fairedes enfants et leur sexualité, bah techniquement parlant, ne leur permet pas d’avoir un spermatozoïdequi rencontre l’osul pour former un embryon et qui s’implante dans la cavité.

00:04:18
» Et donc, à un moment, ils se retrouvent bloqués pour ce désir d’enfant, donc ilsviennent nous consulter.

00:04:24
Donc, un, c’est le motif de consultation et deux, il y a des couples qui ont une sexualitébien, équilibrée, épanouie, chez qui tout va bien et puis, malheureusement, il y aun désir de grossesse et il n’y a pas de grossesse qui vient.

00:04:37
Donc, ils viennent consulter en assistance médicale à la procréation et la prise encharge qui va pouvoir être longue, qui va nécessiter des traitements, qui va nécessiterun accompagnement et une désintimisation de la reproduction puisqu’elle se passe àl’hôpital, qu’elle se passe au laboratoire d’ARP, peut avoir un impact négatif surla sexualité du couple.

00:05:02
En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aujourd’hui, dans nos sociétés, dansnos générations, on a dichotomisé la sexualité récréative et la sexualité reproductive.

00:05:13
Aujourd’hui, c’est bien deux choses différentes et 99% des rapports sexuels qu’on va avoirdans notre vie sont à visée récréative pour passer du bon temps avec son ou ses partenaireset on va avoir quelques rapports sexuels qui permettent, qui ont pour but de faire un enfant.

00:05:31
Donc ça, ça a complètement changé depuis la création de la contraception dans lesannées 50 et son autorisation en France en 1967 avec la loi Neuviert et s’est diffuséedans la population générale en 1985.

00:05:45
Mais la PMA a même aussi une autre division qui a complètement changé la donne qui,en fait, aujourd’hui, on peut faire des enfants sans avoir de rapports sexuels.

00:05:55
Et psychiquement, c’est aussi perturbant de se dire que, ben voilà, cet enfant a étéconçu sans aucune intimité du couple.

00:06:03
Mais voilà, on est vraiment dans deux mondes aujourd’hui qui sont distincts.

00:06:06
On a une sexualité possible pour le plaisir exclusif protégé d’une grossesse qui n’estpas désirée.

00:06:12
Et à côté de ça, on peut faire des enfants de manière complètement médicalisée sanspour autant qu’il y ait de sexualité.

00:06:19
C’est super intéressant.

00:06:20
Et on peut même aussi maintenant concevoir des enfants sans même que l’enfant ait lemême ADN.

00:06:25
C’est ça quand il y a les dons d’ovocytes, par exemple.

00:06:28
Tout à fait, aujourd’hui, on peut avoir du don de sperme, on peut avoir du don d’ovocytes,on peut avoir du don d’embryon.

00:06:34
Et donc, la femme peut se retrouver à porter un enfant qui n’a ni le patrimoine génétiquede son mari, ni c’est un patrimoine génétique à elle.

00:06:44
Mais encore une fois, là, ça a redéfini aussi la parentalité.

00:06:46
Qu’est ce que c’est que d’être parent?

00:06:48
Intéressant.

00:06:49
Ok, alors on va avoir le premier versant qui est quand un trouble sexuel est responsablede l’infertilité.

00:06:54
Déjà, est ce que tu peux nous dire un petit peu si tu connais les chiffres et est ce quec’est courant?

00:07:00
Combien de couples sont touchés par ça et est ce que c’est courant qu’un trouble sexuelet quel genre de trouble sexuel peut justement être responsable de l’infertilité aussi?

00:07:07
Est-ce que c’est courant?

00:07:08
Non.

00:07:09
On voit quelques couples en infertilité qui viennent nous voir et qui nous disent d’emblée« ben voilà, nous, aujourd’hui, on n’arrive pas à voir l’enfant, mais c’est parce quemonsieur n’arrive pas à avoir une érection suffisante pour avoir une pénétration ».

00:07:23
Madame a un vaginisme, elle ne conçoit pas d’être pénétrée.

00:07:27
Donc on va redévelopper ça après.

00:07:28
Mais ils annoncent d’emblée leur trouble.

00:07:30
Et puis parfois ils viennent nous dire « ben voilà, nous, on n’arrive pas à voir l’enfant,ok très bien, on fait tout le bilan, on retrouve le bilan normal ». Et il y a certainementplein de couples, pas plein, quelques couples chez qui on a un bilan complètement normal,mais qui en fait cachent derrière ça une sexualité qui n’est pas reproductive, quin’a pas la capacité d’induire une grossesse.

00:07:49
Alors, du côté masculin, on a tout ce qui va être troubleux de l’érection, qui nepermet pas la pénétration, donc des dysfonctions érectiles sévères, et aussi l’éjaculationtrès précoce.

00:08:03
Il faut savoir que 20 à 30% des hommes ont une éjaculation rapide, c’est-à-dire queça va survenir en moins de 1 à 2 minutes, mais il y en a aussi un certain nombre, 9%de ces gens-là, qui vont avoir une éjaculation antéportasse, c’est-à-dire avant mêmela pénétration, donc l’éjaculateur rapide n’est pas infertile, mais l’éjaculateurantéportasse, forcément, le spermatovide, il ne peut pas rencontrer.

00:08:26
Et puis on a le berçon opposé aussi du côté masculin, qui est l’anéjaculateur.

00:08:30
Donc ça, c’est l’homme qui n’arrive pas à jouir dans le vagin de sa partenaire.

00:08:36
Alors, il y a plein d’étudeux, il y a plein de raisons, il y a plein de causes à çaqu’il va falloir creuser, il va falloir discuter avec eux, essayer de comprendre le mécanisme,essayer de trouver des solutions pour pouvoir pallier à ces problématiques.

00:08:51
Du côté féminin, on peut avoir des douleurs pendant les rapports sexuels, qu’on appelleles disparonies, et une qui est très connue et très à la mode en ce moment, qui estl’endométriose, mais il y a aussi d’autres causes de douleur pendant les rapports sexuels.

00:09:06
Donc si le rapport fait mal, on ne peut pas aller jusqu’au bout, on ne peut pas allerjusqu’à l’éjaculation atravaginale, et donc on ne peut pas avoir une grossesse là-dessus.

00:09:14
Il y a aussi la problématique du vaginisme.

00:09:18
Le vaginisme, ça concerne à peu près 1% des femmes, il y a 1% des femmes qui ne conçoiventpas d’être pénétrées.

00:09:25
C’est-à-dire que dans leur tête, elles se sont construites un schéma physique quifait que pour elles, leur vagin est tout petit et il n’est pas capable de pouvoir recevoirun pénis.

00:09:36
Ce n’est pas possible.

00:09:37
Et donc elles ont des mécanismes de défense, alors qu’elles sont avec leur partenaire,qu’elles aiment leur partenaire, qu’elles ont envie de quelque chose, mais elles ontun réflexe de fermeture de jambes, de repli, qui ne conçoit pas la pénétration.

00:09:49
Et donc bien sûr, on se retrouve dans ce cas-là avec des femmes qui ne peuvent pasavoir d’enfant.

00:09:55
Alors un schéma assez classique, c’est que ces femmes ont trouvé un partenaire quiest peu incertif, peu pénétrant, ils ont fait leur vie ensemble, ça fait 10 ans qu’ilssont ensemble, et puis il y a un moment où on se pose quand même la question, et sion faisait des enfants?

00:10:09
Donc ils ont une sexualité épanouie, avec du plaisir, avec des caresses, avec des orgasmes,mais il n’y a pas de rencontres possibles du spermatozoïde avec l’auvule.

00:10:21
Et c’est super intéressant aussi dans ces cas-là, et là si on reprend le vaginisme,parce qu’effectivement en consultation, il y en a quand même pas mal de femmes qui ontjustement cette dysfonction sexuelle et qui ont envie justement d’avoir un bébé, c’estsouvent aussi à ce moment-là qu’elles peuvent consulter parce qu’elles se disent, bon,par où je m’y prends? Est-ce que je viens soigner déjà cette difficulté qui est levaginisme, et en même temps j’ai ce désir d’enfant, donc je sais que ça peut prendredu temps à soigner le vaginisme? Ou est-ce que finalement je passe par un parcours PMAet je traite le vaginisme plus tard? Il y a vraiment des fois ces deux approches-làaussi.

00:10:57
Alors le parcours PMA a besoin d’un accompagnement du vaginisme, d’accord? Parce qu’il vafalloir mettre des spéculums, il va falloir faire des examens, il va falloir faire deséchographies intra-vaginales.

00:11:10
Donc c’est pas possible d’avancer d’un côté avec une femme qui ne conçoit pas de pouvoirêtre examinée.

00:11:16
D’accord? Donc ça passe d’abord par une prise en charge du vaginisme.

00:11:21
D’accord? Ça c’est clair.

00:11:22
Et surtout qu’après on va déboucher sur une grossesse.

00:11:25
Et encore une fois une grossesse chez une femme vaginique chez qui les examens sontcompliqués, c’est pas une bonne chose, et l’accouchement chez la femme vaginique,si elle n’a pas été cochée, si elle n’a pas été accompagnée avant, eh ben c’estpas évident.

00:11:38
C’est pas impossible, ça va se faire.

00:11:40
Et l’accouchement ne guérira pas le vaginisme.

00:11:42
Encore une fois, on est sur un défaut de schéma mental, donc il faut vraiment le travailleren amont et l’un n’exclut pas l’autre.

00:11:49
Et c’est bien que tu le dises parce qu’il y a des fois aussi des patients qui viennentet qui ont encore, et que leurs gynécologues ont mis, disent « bah pour soigner le vaginismeet un enfant, ça ira mieux après ».

00:12:00
Non, non, non, absolument pas.

00:12:02
Bah non, parce que c’est pas du tout la même chose.

00:12:05
Et comme tu dis, on voit bien que déjà par rapport aux dysfonctions sexuelles, d’êtreaccompagné dans un parcours sexothérapeutique, mais encore plus en PMA, l’importance aussid’être accompagné, comme tu disais, pour les hommes qui éjaculent très rapidement.

00:12:18
Est-ce qu’il y a aussi cette croyance de bon, si ils éjaculent très rapidement avantmême pénétration, est-ce que s’ils éjaculent sur la vulve, est-ce qu’il peut y avoir uneprobabilité qu’il y ait une grossesse qui arrive si on se dit que c’est au moment mêmeaussi de l’ovulation?

00:12:34
Alors oui, il y a des cas à rapporter de grossesse même chez des femmes vierges, avecdes frottis-frottas, éjaculation à la vulve.

00:12:42
Mais c’est pas la technique qu’il faut viser.

00:12:43
On est bien d’accord que oui, c’est une possibilité, c’est une éventualité, mais c’est pas commeça.

00:12:50
Il peut arriver, ce qui a été observé, il y a même des forums de discussion là-dessussur Internet, chez les vaginiques, chez les dysparoniques, chez les améjaculateursintra-vaginaux, il y a la technique des inséminations à la maison.

00:13:03
Donc en fait, on se débrouille pour récupérer le sperme dans un flacon et puis on le metdans une seringue, dans une petite pipette et on va le mettre directement dans le vagin.

00:13:15
C’est plus simple pour la femme, c’est plus simple pour l’homme en fonction des pathologies.

00:13:20
Et puis oui, c’est possible, oui, ça marche et oui, il y a des grossesses qui ont étérapportées avec ça, mais encore une fois, ça ne règle pas le problème.

00:13:29
Et si on revient à l’histoire sur la vaginique, elle va être enceinte, mais après, maintenant,il y a toute la grossesse à gérer, les éventuels examens intra-vaginaux à faire et puis l’accouchement.

00:13:39
Donc encore une fois, c’est bien d’anticiper le problème en parallèle, mais que les deuxsoient explorés.

00:13:47
Oui, cette technique des seringues qu’on retrouve sur les forums, ça s’applique aussi pasmal chez les couples justement homosexuels ou qui font des bébés, on va dire, entreeux en trouvant une méthode sans passer par un rapport, un accouplement.

00:13:59
Ça, c’est souvent ce qu’on entend et qui peut donner justement une grossesse.

00:14:05
Mais du coup, alors que peuvent faire les couples ou les personnes qui se retrouventdans cette situation? Un trouble sexuel et la capacité du coup à mener une grossesse.

00:14:17
Donc tu disais l’importance d’avoir un suivi.

00:14:20
Donc est-ce que déjà dans, ça répondait à la question déjà, mais est-ce que dansle parcours PMA, il y a des sexologues, il y a des consultations sexologiques qui sontproposées?

00:14:30
De plus en plus, de plus en plus.

00:14:33
Alors les médecins de la reproduction à proprement sont un petit peu démunis parrapport à ça, parce qu’encore une fois, un couple qui a un bilan complètement normalet où le trouble est vraiment sexologique, ils se disent est-ce que la réponse est réellementdans l’assistance médicale à la procréation? Est-ce qu’il faut faire des inséminations? Donc c’est compliqué puisque l’assistance médicale à la procréation à la base étaitdestinée avec des gens qui avaient un trouble de la fertilité authentifié.

00:15:03
Ce n’était pas le cas.

00:15:06
Donc on était un petit peu embêtés.

00:15:08
Aujourd’hui, la démarche change bien sûr.

00:15:10
Donc les médecins de la reproduction à proprement parler, ils sont un petit peu démunis,ils sont un petit peu embêtés par rapport à ça.

00:15:17
Et donc oui, il y a toujours des psychologues dans les équipes et de plus en plus aujourd’huides sexologues pour pouvoir accompagner ces patients qui ont des difficultés, qui reviendrontpeut-être après vers la PMA et d’abord prendront charge de troubles sexo pour peut-être pouvoirles renvoyer sous la côte pour qu’ils puissent faire un bébé à la maison.

00:15:38
Maintenant, il faut aussi tenir compte d’un élément, c’est l’âge de la femme.

00:15:42
Parce qu’on sait que les chances de grossesse diminuent drastiquement avec l’âge et qu’onne va pas perdre six mois, un an de prise en charge chez une femme qui a 40 ans.

00:15:51
Donc encore une fois, il faut toujours pondérer la chose.

00:15:53
Est-ce qu’on a une jeune fille de 20 ans qui est vaginique et puis on a le temps de corriger,d’améliorer, de traiter son vaginisme et elle fera son bébé dans la suite? Et puisune femme de 40 ans, ça fait 10 ans qu’elle est avec son mec, tout va bien au niveau dela sexualité, de leur sexualité, mais n’empêche qu’elle a 40 ans et que s’il y a quelquechose à faire, on n’aura plus de marge de manoeuvre après.

00:16:16
C’est exactement le cas de la patiente que je pensais justement qui a du vaginisme,ça fait exactement 15 ans, ça rejoint là-dessus, 15 ans qu’elle est avec son partenaire, ilspensent avoir un enfant, ils ont une sexualité épanouie sans pénétration et voilà, l’horlogequi fait tic tac, tic tac et du coup ce traitement en parallèle du parcours PMA, mais touten pouvant l’accompagner aussi vis-à-vis de ça, sans que le vaginisme soit peut-êtrepas traité complètement, mais au moins qu’elle ait la sécurité pour faire comme tu disaisles examens médicaux pour pas forcément attendre.

00:16:48
Et dans ces cas-là, moi une de mes réponses c’est que le vaginisme, on pourra le traiterà n’importe quel moment, avoir un enfant a quand même une timeline et donc il fautpouvoir des fois accompagner dans l’urgence entre guillemets, même si l’urgence c’estjamais très bon, mais il y a des fois des situations comme ça aussi.

00:17:08
La medication l’ADAMP correspond plus à l’âge, d’accord, et on n’a plus de tempsà perdre.

00:17:13
Je rappelle que l’AMP n’est plus remboursée, n’est plus autorisée en France à partirdu 43e anniversaire de la femme et que clairement l’échange de grossesse diminue avec la qualitéet la quantité de la réserve ovarienne à partir de 35-37 ans.

00:17:29
Donc voilà, il n’y a pas d’urgence, mais il faut mettre en place les choses clairement.

00:17:33
Est-ce que aussi, parce que quand vous recevez ces couples qui arrivent justement et quiles bilans montrent que finalement il n’y a pas de difficultés, anatomiquement ou jesais pas comment on dit, médicalement il n’y a rien qui pourrait expliquer l’infertilité,est-ce que des fois on pose aussi les questions par rapport à leur vie sexuelle? Est-ceque des fois aussi en termes d’éducation sexuelle? Parce qu’il y a peut-être del’ignorance sur comment fonctionne le corps, peut-être des couples qui font l’amour,mais peut-être une ou deux fois, puis en fait c’est pas au moment de la fenêtre defertilité, mais qui ne savent pas ça.

00:18:05
Est-ce qu’il y a des couples des fois qui arrivent et qui finalement c’est un manquede connaissances du corps et de la sexualité qui fait qu’eux, ils peuvent se retrouverdans l’infertilité?

00:18:14
Alors oui, dans les recommandations aujourd’hui sur la consultation pour infertilité, on interrogeles couples à savoir est-ce qu’ils ont une sexualité? Parce qu’il y a des couplesqui viennent nous voir qui n’ont pas de rapport sexuel, clairement en disant nous on est asexuel,il y en a d’autres qui ont très très très peu de rapport, et puis après il y a leshistoires de chasse où ils ont essayé de faire des bébés dans le nombril, où lapénétration était plutôt anal, donc forcément les chances de grossesse sont assez moindres,maintenant ça reste très très très anecdotique.

00:18:47
Aujourd’hui quand même la plupart des gens ont cette notion de comment on fait un bébéet quels sont les besoins.

00:18:53
Mais donc on a systématiquement la question sur le nombre de rapports sexuels, et est-ceque les rapports sexuels sont bien complets avec des éjaculations intra-vachines?

00:19:02
Et au bon moment peut-être aussi, est-ce qu’il y a cette question là de la zone fertileaussi?

00:19:08
Le bon moment, il faut savoir en fait à quel moment une femme ovule, et il y a une chosequi est fixe dans l’espèce humaine, c’est la phase luthéale, c’est la deuxième partiepost-ovulation qui va toujours durer 14 jours.

00:19:21
Donc une femme qui a un cycle de 28 jours, elle a ovulé à J14, mais une femme qui aun cycle régulier de 32 jours, elle a ovulé à J18.

00:19:29
Donc il faut être capable de cerner la zone de fertilité pour pouvoir optimiser les chancesde grossesse au bon moment.

00:19:36
Et puis il y a les femmes aussi qui ont des cycles irréguliers où un mois c’est 28,l’autre c’est 35 et l’autre c’est 42, donc là c’est pas toujours facile et encore unefois là aussi on peut les aider en faisant des monitorages de l’ovulation pour savoirexactement à quel moment elle ovule.

00:19:51
Oui et puis même aussi peut-être on voulait proposer à la maison peut-être aussi la températuremême si bon il y a des variables, mais aussi peut-être des tests d’ovulation, est-ceque ça ça peut être efficace aussi?

00:20:01
Alors la courbe de température, clairement aujourd’hui dans la prise en charge du couplerfertile moderne, on l’a mise de côté quoi.

00:20:09
C’est-à-dire la courbe de température qui vise à observer un décalage de 0,5 degrésqui correspond en fait à l’apparition de la progestérone qui veut dire que donc lafemme a déjà ovulé.

00:20:20
Un on est en retard, deux c’est quand même vraiment pas glamour de se prendre la températuretous les jours.

00:20:25
Donc oui il y a les tests d’ovulation qui sont plus ou moins fiables, mais surtout ily a la question.

00:20:30
Quand on a un cycle de 28 jours, et bien on a vu la gicatose.

00:20:33
Quand on a un cycle de 30 jours, on a vu la g16.

00:20:37
À partir du moment où les cycles seront réguliers, on a de la visibilité.

00:20:40
Oui, c’est ça c’est pour que beaucoup c’est pas régulier ou encore peut-être aussi d’avoird’amener cette conscientisation du corps aussi en séance.

00:20:48
C’est ce qu’on peut faire aussi pour parce que voilà quand on a conscience de son corpspour certaines femmes elles arrivent aussi à détecter quand elles ovulent par différentesobservations que ce soit les fluides d’églers, que ce soit des fois des petits pincementsau niveau de l’utérus, des ovaires, que ce soit des fois peut-être même la libidoà ce moment-là qui augmente.

00:21:05
Tous ces petits signes là peuvent aussi être des indicateurs même si comme tu dis aussic’est vraiment avec le monitoring et en observation en écho qu’on peut aussi vraimentdire bon bah là clairement il y a une ovulation.

00:21:17
Oui certaines femmes peuvent être à l’écoute de leur corps et sentir les choses, observerles choses mais malheureusement il y a des femmes, enfin il y a des corps qui ne s’exprimentpas ou en tout cas c’est pas si visible que ça pour être optimale.

00:21:30
Donc encore une fois il y a un moment quand ça fait un an qu’on essaie d’avoir desbébés et qu’il n’y a pas de signes particuliers, il faut venir consulter.

00:21:37
Donc un an s’il n’y a pas de signes particuliers, venir consulter.

00:21:41
Et peu importe l’âge, si par exemple on se rapproche de la quarantaine, est-ce qu’ondoit attendre un an ou est-ce qu’on peut se dire au bout de six mois, trois mois?

00:21:48
Six mois, alors ce qui est paradoxal parce que c’est d’autant plus normal qu’unefemme à 40 ans mette longtemps à avoir un bébé par rapport à une femme de 25 maison n’a pas de temps à perdre à la quarantaine tandis qu’à 25 on aura plutôt tendanceà temporiser.

00:22:02
Maintenant bien sûr que s’il y a des signes d’appels, si la femme elle a un antécédentd’infection, d’infection génitalo, potentiellement peut avoir bouché des trompes, ça peut êtrequ’il y a des cycles très irréguliers, elle faut qu’elle vienne plus tôt.

00:22:15
Si monsieur dans son enfance il a eu un traumatisme testiculaire ou que ses testicules ne sontpas descendus tout seul ou qu’on sait que sur son bilan spermatique il y a des anomalies,ça sert à rien d’attendre.

00:22:25
Mais si sur le papier tout est normal, qu’il n’y a pas d’antécédent, qu’il n’y a pasde signes particuliers, c’est au bout d’une année normalement qu’il faut venir consulter.

00:22:35
Ok super.

00:22:36
Avant de passer à la deuxième partie, est-ce qu’il y a autre chose qui te semble importantpar rapport à quand un trouble sexuel est responsable de l’infertilité à rajouter?

00:22:45
Je pense qu’il ne faut pas le cacher à la consultation.

00:22:48
C’est-à-dire qu’il y a des couples comme je vous l’ai dit qui vont dire on n’arrivepas à faire des bébés, ok le médecin se lance billant tête sur le bilan, le bilanest normal, ok on va vous prendre en charge.

00:22:58
C’est bien, il y a quand même des couples qui arrivent en disant on n’arrive pas àfaire des bébés, on voudrait faire un bébé mais on n’a pas de sexualité.

00:23:06
J’ai un couple qui m’a dit on est asexuel, on n’a aucun intérêt pour le sexe.

00:23:09
Alors se pose maintenant la question à quel moment doit-on les prendre en charge,à quel moment doit-on les forcer à avoir des rapports sexuels ou est-ce qu’il fautmédicaliser tout ça? C’est compliqué, donc ça généralement on en discute au coursdes staffs, voilà mais avoir un homme qui a une dysfonction érectile, c’est quandmême peut-être plus simple de pouvoir l’aider, de pouvoir le traiter, lui donner un médicamentqui va faciliter son érection et puis qu’ils arrivent à faire leur bébé sous la couette.

00:23:35
C’est quand même vachement moins intrusif que de rentrer dans le deuxième version quiest vraiment l’assistance médicale à la procréation avec les hormones, avec les monitoring,avec l’insémination intra-utérine, avec la fécondation in vitro qui est lourde.

00:23:50
Oui, justement, bonne transition par rapport à quand l’infertilité est responsable destroubles sexuels et donc c’est quand même une pour une majorité de personnes.

00:24:01
Pourquoi ça vient impacter déjà, j’allais dire autant la sexualité mais peut-êtrelà c’est sous mon prisme, il y a peut-être des couples qui s’en sortent indemnes de ça.

00:24:13
Toi, qu’est-ce que tu vois dans ta clinique et dans ta pratique?

00:24:16
Alors oui, il y a des couples qui s’en sortent indemnes et chez qui ça ne pose pas de problèmemais là on va vraiment avoir un changement dans la vie des couples puisque déjà ilsont vécu x années ensemble avec une sexualité sous contraception qui se voulait récréative.

00:24:34
Bon, on va changer puisque déjà on n’a plus le même but, le but ce n’est pas de se donnermutuellement du plaisir, le but c’est de faire un bébé.

00:24:41
Donc déjà on va centrer les éjaculations en intra vaginal au moment de l’ovulationet puis le cycle va se mettre en place, on va rentrer dans un schéma où on a de l’attente,de l’espoir et la désillusion des règles qui reviennent.

00:24:54
Donc tous les mois et puis ça s’enchaîne et puis à chaque fois les règles reviennentet puis ça va faire six mois, un an qu’on attend et puis il y a un certain agacementet puis il y a même certaines femmes qui vont ne plus supporter de voir leurs copinesqui sont enceintes ou qui ont eu leur bébé, qui vont s’énerver quand elles vont voirune poussette dans la rue.

00:25:12
Donc voilà, ils consultent en AMP au bout d’un an et puis lors de cette consultationon fait tous les bilans et puis là on va annoncer un diagnostic.

00:25:20
Et donc en annonçant ce diagnostic, chez les hommes le fait de leur dire qu’ils ontpeu de spermatozoïdes, leur annoncer la responsabilité de l’infertilité,et bien ils vont le prendre comme une blessure narcissique et puis eux ils vont entendrequ’ils ne sont pas virils.

00:25:38
Donc ça c’est difficile pour eux.

00:25:41
Du côté féminin il y a aussi une culpabilisation.

00:25:44
J’ai une insuffisance ovarienne prématurée, la femme elle entend « je suis ménoposée,je suis vieille ». La femme on lui dit qu’elle a une obstruction tubère bilatérale,c’est-à-dire que ses trompes sont bouchées suite à une infection, elle culpabilisede ce rapport sexuel où elle n’avait pas mis de capote et où elle a attrapé des clamidias.

00:26:00
Donc tout ça, ça va impacter négativement le moral de monsieur, de madame, la responsabilitéde l’infertilité, c’est de ma faute, et puis la culpabilisation de la responsabilitéde la cause.

00:26:16
Et dans ces parcours-là justement on parlait de sexologues mais est-ce qu’on propose aussiun suivi psychologique? Parce que déjà, par exemple, comme tu disais pour les hommesoù c’est remise en cause de leur virilité pour les femmes, cette culpabilité, la souffrancequi peut y avoir retour, est-ce qu’on leur propose un suivi?

00:26:29
Rarement.

00:26:30
Rarement au moment de l’annonce diagnostique.

00:26:33
Donc là c’est aux médecins de la reproduction, à savoir le gynéco le plus souvent, de savoirprendre des pincettes, de pouvoir annoncer les choses délicatement, d’éventuellementévoquer la problématique de la sexualité, parce que ça peut avoir un impact sur lepsychisme et sur la sexualité du couple avant même qu’on ait débuté les traitements.

00:26:57
Et puis après il va y avoir toute la prise en charge et avec la lourdeur de la priseen charge, beaucoup plus pour madame que pour monsieur bien sûr, et puis aussi l’évolutionde la prise en charge.

00:27:08
C’est-à-dire que si on obtient une grossesse ouf c’est bien, on n’a pas perdu trop detemps et puis ça a démarré, et puis si ça ne marche pas c’est l’investissement,allez on y croit, allez on y va, allez on fait, et puis on monte, on monte, on monte,et puis le diagnostic tombe, il n’y a pas de grossesse ce mois-ci, il faut se relancerpour le mois prochain et donc c’est un peu des montagnes russes émotionnelles qui aaussi un impact sur la sexualité du couple.

00:27:31
Et donc on n’a plus du tout de sexualité récréative et puis même la sexualité reproductivequand on a annoncé qu’il y avait une infertilité totale, elle peut aussi être impactée négativement.

00:27:43
Elle peut être moins fun du tout, est-ce qu’il est reporté parce que tu parlais deoui justement avoir des rapports justement dans le but de procréer donc à ce moment-làde la fenêtre où il y a l’ovulation, où certains hommes vont dire mais moi je me sensutilisé, je me sens ma partenaire en vie que à ces moments-là, j’ai l’impression qu’enfait elle n’est que intéressée par mon sperme, ça me déshumanise, j’ai plus envie, j’aiplus le libido, comment on navigue avec tout ça?

00:28:11
Alors là déjà on ne parle plus de libido puisqu’on ne cherche plus un amant imaginatif,on cherche clairement un étalon reproducteur et ça c’est encore plus quand c’est timé.

00:28:22
Donc le premier niveau de prise en charge médicalisée de la reproduction, c’est lesmonitorages de l’ovulation, c’est-à-dire qu’on va ou pas stimuler la patiente maison va surveiller la croissance de son follicule du taux d’hormone et puis quand c’est matureon lui dit boum c’est maintenant que vous ovulez.

00:28:39
Donc là elle téléphone à son mari, elle lui dit chérie c’est ce soir.

00:28:43
Donc là le mari clairement, il a la pression, le but c’est qu’il va falloir mettre desspermatozoïdes dans le vagin parce que éventuellement il peut y avoir le test de 1 heure donc ilva demander à la patiente le lendemain d’aller au laboratoire pour aller prélever de l’aglaireet regarder les spermatozoïdes dans l’aglaire donc ça met la pression au conjoint et puisencore une fois il est là comme un étalon donc il sait que ce soir il doit réussirà éjaculer dans le vagin et on a 20 à 30 % des hommes qui vont avoir une dysfonctionérectile, qui vont avoir une anéjaculation parce qu’ils sont mis sous pression et qu’ilsont jamais vécu ça comme ça.

00:29:23
La capacité à éjaculer et aussi peut-être aussi des troubles érectiles à ce moment-làsous la pression.

00:29:30
Ouais, dysfonction érectile ou anéjaculation, ils ont la pression et il y en a chez quiça a un impact négatif alors qu’on est au tout début.

00:29:38
Il y a aussi par exemple dans le bilan du sperme, donc quand on explore un couple infertile,donc quand on est encore à la phase de diagnostic ou dans les prises en charge quand il vafalloir utiliser le sperme du conjoint, on lui demande de nous donner du sperme par masturbation.

00:29:55
Il faut quand même savoir qu’il y a un certain nombre d’hommes qu’ils ne savent pas semasturber, qui ne savent pas donner du sperme comme ça parce que c’est contre leur religion,c’est contre leur éducation, c’est contre leur croyance et chez qui ça porte une vraiedifficulté.

00:30:11
Tant dans le bilan parce qu’on a besoin d’avoir du sperme pour savoir s’il y a suffisammentde spermatozoïdes dedans et savoir s’ils sont bien mobiles et s’ils sont bien formés.

00:30:21
Et de l’autre côté, une fois qu’on a fait la prise en charge, madame au vul, on va luifaire une insémination intra-utérine, mais le mec il n’y arrive pas.

00:30:28
Donc il y a aussi ces difficultés là du côté masculin.

00:30:30
Alors on parlait de planification, mais tu me disais aussi que dans le parcours PMA,il n’y a pas que, on ne demande pas que des rapports planifiés, tout dépend aussi cequ’on va proposer au couple pour justement espérer une grossesse.

00:30:45
Est-ce que tu peux nous expliquer un peu?

00:30:46
Alors là, la planification c’est la base.

00:30:49
Après, il y a les inséminations intra-utérines, justement on récupère le sperme de monsieur,on monite l’ovulation de madame et on va déposer le maximum de spermatozoïdes au meilleurendroit au meilleur moment.

00:31:00
Bon, ça c’est de la fécondation naturelle puisqu’elle se fait naturellement dans lecorps de la femme, mais elle a été optimisée.

00:31:07
Et puis après, il y a la fécondation in vitro à proprement parler où on va stimuler lapatiente, on va même hyper stimuler la patiente puisque le but ce mois-ci ce n’est pas qu’elledonne un ovule, un follicule avec un ovule, mais c’est de faire grandir une dizaine,une douzaine, une quinzaine de follicules pour récupérer un maximum d’ovules.

00:31:27
Et ces ovules, on va les mettre en incubation avec les spermatozoïdes pour que ça formedes embryons.

00:31:35
Donc ça se fait au laboratoire, c’est la fécondation in vitro.

00:31:38
Mais comment on fait déjà pour récupérer plein d’ovules?

00:31:40
Il va falloir donner des traitements à la patiente qui vont créer un climat de méno-posepour que le cerveau ne discute plus avec les ovaires et donc on peut avoir des boufféesde chaleur, des séphalées, des troubles de l’humeur, de la sécheresse vaginale.

00:31:53
Donc déjà, la femme, elle n’est pas au mieux de sa féminité dans ce cadre-là.

00:31:58
Ensuite, la stimulation qui va faire grandir non pas un follicule, mais 15 follicules,on va avoir des ovaires qui vont être beaucoup plus lourds, beaucoup plus gros.

00:32:07
Il peut y avoir une chaîne, une tension, des pesanteurs pelviennes, voire même des douleurspendant les rapports.

00:32:13
Encore une fois, la patiente, elle n’est pas au top de sa sexualité, elle n’est pasau top de sa libido.

00:32:18
Ensuite, il y a le bloc opératoire pour faire la ponction, pour récupérer les ovules.

00:32:23
Donc c’est au moment où tout est mature, on déclenche et on va aller au bloc opératoiresous anesthésie générale ou sous anesthésie locale et on va ponctionner le liquide pourrécupérer les ovules.

00:32:32
Donc il y a l’angoisse vis-à-vis de la ponction, vis-à-vis de l’anesthésie et puis vis-à-visdu résultat.

00:32:39
Combien on va avoir d’ovocytes qui est l’élément primordial pour la suite de la prise en charge.

00:32:44
Donc il y a un stress par rapport à ce mois-ci qui est le mois de la five.

00:32:48
Donc le climat n’est absolument pas propice à la sexualité.

00:32:54
Par la suite, une fois qu’on a fait la ponction, on va préparer l’endomètre pour pouvoirimplanter l’embryon dans un deuxième temps.

00:33:02
Donc il va falloir mettre des ovules de progestérone, trois voire quatre ovules en intravaginal.

00:33:07
Oui, il faut dire ce que ça fait, ça fait des pertes, ça fait des débris au niveauvaginal.

00:33:12
La patiente, elle est gênée, elle est gênée pour elle, elle est gênée vis-à-vis deson partenaire.

00:33:16
Ce n’est pas très glamour, il faut le dire.

00:33:18
Et puis après, il y a le transfert d’embryon.

00:33:20
Donc vers J2, J3 ou J5, J6 en fonction de la stratégie qu’on a décidée, l’embryonqu’on a obtenu, on va aller le transférer dans l’utérus pour qu’il puisse aller senider, il puisse aller prendre sa place dans la muqueuse utérielle.

00:33:34
Bon, et bien là aussi, il y a plein de fausses idées par rapport à ça.

00:33:38
Il y a des couples qui pensent qu’il ne faut pas avoir de rapport sexuel pour ne surtoutpas déranger l’embryon, qu’il puisse bien s’accrocher.

00:33:45
Or, c’est faux, il y a des études qui ont montré qu’avec des rapports sexuels, onavait de meilleurs taux d’implantation et de meilleurs taux de grossesse.

00:33:53
Donc il n’y a pas d’impact, la sexualité n’est pas négative sur l’implantation.

00:33:58
Et ça, est-ce que des fois justement, parce qu’il y a ces fausses croyances et on pourrarevenir là-dessus, mais est-ce que du coup les médecins de la reproduction peuventjustement venir déconstruire ces fausses croyances, comme tu disais par rapport à la sécheresseet la féminité, cette fausse croyance que ça peut être attachée et expliquer aussile fonctionnement du corps ou venir déconstruire un petit peu cette notion de virilité, demasculinité liée au phallus.

00:34:21
Mais là, est-ce que des fois les médecins de la reproduction viennent avec les couplescasser un petit peu ces fausses croyances, comme par exemple dès qu’il y a l’implantationd’un embryon, ne plus avoir du tout de sexualité pour protéger cet embryon?

00:34:35
Alors malheureusement, c’est complexe.

00:34:37
La médecine de la reproduction, il faut expliquer chacune des étapes au couple, à la femme,il faut lui expliquer son protocole.

00:34:44
C’est long, c’est compliqué et il n’y a pas forcément le temps.

00:34:48
Donc clairement, il y a très peu de médecins qui vont faire cet accompagnement à côté,or il est nécessaire.

00:34:54
Et il va falloir poser la question quand même de manière assez régulière au fildes consultations.

00:35:01
Le parcours peut être long, dans le sens où il y a toute la phase de diagnostic, annoncedu diagnostic, mise en place des traitements, échec du traitement, remise en route d’unautre traitement.

00:35:15
Donc on a fait la fécondation in vitro, ça n’a pas marché sur le transfert d’embryonsfrais, mais il reste des embryons congelés.

00:35:20
Donc on va repréparer l’endomètre pour réutiliser ces embryons et à la fin on arrive, il n’ya plus d’embryons congelés, donc il faut repartir sur une fille.

00:35:29
En France, la sécurité sociale prend en charge six inséminations après utérine et quatrefécondations in vitro avant l’âge de 43 ans.

00:35:38
Donc ça peut faire un parcours qui est quand même assez long dans la durée.

00:35:42
Il faut savoir que la plupart des couples qui sont en échec d’enfants, c’est la plupartdu temps à cause d’abandons.

00:35:48
Et donc il faut savoir gérer le succès.

00:35:51
Bien sûr, on est là pour obtenir une grossesse et c’est important.

00:35:54
Mais il faut aussi prévenir le burn out des couples et leur dire que si ça ne marchepas, c’est normal.

00:36:00
Dans le sens où sur une insémination, on est de l’ordre de 15 à 20% de succès.

00:36:05
Sur une fille, on est entre 25 et 40% de succès après le transfert de tous les embryons.

00:36:11
Donc il faut savoir renouveler les tentatives pour que ça marche.

00:36:15
C’est normal que ça ne marche pas en une fois et c’est la répétition des tentativesqui fait qu’on aura un maximum de couples satisfaits.

00:36:22
Mais encore une fois, il faut aussi accompagner leur vécu, leur vécu émotionnel, la gestionde l’échec et aussi la répercussion que ça peut avoir sur leur vie sexuelle.

00:36:33
Mais encore une fois, tous les médecins ne sont pas forcément à l’aise pour aborderce sujet.

00:36:37
Voilà, et ne pas hésiter aussi à renvoyer vers un accompagnement, psycho ou sexo etou sexo par rapport à ça.

00:36:46
Oui, donc on voit l’importance de suivi par des psychologues et en même temps aussisexologues pour accompagner au mieux cette intimité, cette sexualité en parcours PMA.

00:36:56
Et tu disais le taux d’échec est lié à l’abandon, c’est-à-dire que si les couplesétaient préparés en amont sur « c’est normal que ça prenne du temps, voici les chiffres», et il faut avoir cet accompagnement justement psychologique pour qu’ils aillent jusqu’aubout du processus qui pourrait résulter à une grossesse, mais qui des fois, parce qu’ily a un accompagnement mauvais peut-être ou pas suffisant, parce que ça impacte énormémentaussi la santé mentale.

00:37:23
On peut parler de burn out, mais est-ce que s’il y avait justement cet accompagnementlà, certains couples pourraient aller un peu plus loin et abandonner moins tôt dansle processus?

00:37:31
Je ne sais pas, en tout cas ce que je sais aujourd’hui c’est que clairement il fautaccompagner les couples vers la victoire, vers la grossesse attendue et demandée etlà tout le monde est content, mais il faut aussi les accompagner vers l’échec d’unetentative et puis il y a aussi un moment il va falloir les amener vers « ok, on n’apas réussi et il faut envisager autre chose, peut-être qu’il faut envisager un donde herbocytes, peut-être qu’il faut envisager une autre stratégie, peut-être qu’il fautarrêter complètement l’AMP et qu’il faut envisager l’adoption.

00:38:02
Donc toutes ces alternatives doivent être évoquées à un moment, progressivement,chaque chose en son temps, mais c’est à l’équipe, puisque là j’intègre le médecinmais aussi toute l’équipe des psychologues, des sexologues, qui peut y avoir, d’accompagnerle couple vers un moment, une transition, parce qu’on n’a pas réussi.

00:38:21
Mais une des premières choses qui fait qu’on ne réussit pas, c’est le couple qui aprèsla première tentative ne revient plus, ou revient cinq ans plus tard.

00:38:28
Encore une fois, c’est normal qu’il y ait plus de déçus que de contents sur une tentative,mais c’est la répétition des tentatives qui fera qu’il y aura plus de contents quede déçus, même si on ne pourra pas avoir 100% de contents.

00:38:41
C’est important aussi de le dire quand on entre dans ce parcours-là.

00:38:47
Mais là où tu avais raison, c’est qu’il faut leur parler en avance que oui, ça peutêtre long, oui, il va falloir renouveler les tentatives, oui, il va falloir progresserde chacune des tentatives, on peut peut-être faire mieux la fois d’après.

00:39:03
Et ce qui est aussi très difficile, c’est de voir un couple qui a eu une première grossesseen AMP hyper facile sur la première five à 33 ans et qui reviennent à 36 ans et là,ça ne marche pas du premier coup et ils ne comprennent pas.

00:39:16
Encore une fois, on essaie de faire au mieux pour chacun et qu’on espère tous qu’un coupleaura sa grossesse dès la première tentative, mais ce n’est pas la réalité et il va falloirrenouveler les tentatives pour avoir un maximum de grossesse, pour qu’il y ait un maximumde satisfaction auprès des couples, mais ça, il va falloir les prévenir que ça ne peutpas forcément marcher du premier coup, même si ça a marché du premier coup, la premièrefois.

00:39:41
Oui, parce que chaque expérience est différente.

00:39:44
Et puis surtout la deuxième, il y a quelques années de plus.

00:39:47
Il y a quelques années de plus, oui.

00:39:48
Et tu parlais par exemple de cet exemple où les couples font une pause et reviennentquelques années après ou quelques mois après.

00:39:55
J’en entends beaucoup qui, au bout d’un moment, sont tellement… ça c’est trop pour euxqu’ils font une pause, mais c’est aussi peut-être une bonne chose des fois de faire une pause.

00:40:02
Est-ce que dans ce parcours-là, on peut leur proposer de faire une pause?

00:40:05
Oui, il faut faire une pause parce que quand ça fait six mois qu’on ne parle que de stimulation,que d’échographie, que de prise de sang, que de gonadotrophine, que de ponction, qued’embryon, que de transfert, voilà.

00:40:18
La vie ne tourne qu’autour de ça.

00:40:23
La patiente, elle pense qu’à ça.

00:40:25
Elle n’a plus de loisirs.

00:40:26
Elle n’a plus d’autre occupation.

00:40:27
Elle est dans ses dosages, dans ses injections.

00:40:30
Donc quand est-ce que va tomber la ponction?

00:40:31
Donc il y a un moment, c’est aussi bien de dire, OK, on fait une petite pause pendant trois mois.

00:40:35
On n’en parle plus.

00:40:36
Vous retrouvez votre vie de couple.

00:40:39
Vous retrouvez votre vie sociale.

00:40:41
Vous retrouvez votre intimité.

00:40:43
Et on revoit ça dans quelques mois.

00:40:47
Malheureusement, la temporalité, elle est mensuelle puisqu’on est lié au cycle de la femme.

00:40:51
Mais il y a un moment, il faut aussi souffler.

00:40:54
Mais entre souffler pendant trois mois pour aller reprendre un petit peu d’énergie,reprendre un peu de morale, remettre la fleur au fusil et repartir comme il faut, c’est une bonne chose.

00:41:04
Faire une pause qui va durer quatre, cinq ans, c’est trop long par rapport à la qualité ovocitairequi diminue avec l’âge de la femme et le temps qui passe.

00:41:14
Et alors, c’est une question ou des choses, des histoires qu’on entend aussi,où justement dans ces moments-là où le couple se donne une pauseet qu’en fait, il y a une grossesse qui arrive naturellement.

00:41:23
Est-ce que ça, tu le vois?

00:41:24
Est-ce que tu l’observes ou c’est un mythe?

00:41:27
Non, c’est tout à fait possible.

00:41:28
Encore une fois, il ne faut pas miser là-dessus.

00:41:31
Alors, le premier exemple que j’avais, c’est quand je travaillais avec un grand professeur parisien.

00:41:36
En fait, on préparait ses consultations pour lui, on voyait les patients.

00:41:39
Et puis après, lui venait pour faire la…

00:41:43
Valider la consultation, valider les examens.

00:41:46
Et donc, les couples qui venaient pour la première fois, hop, je remplissais tous les dossiers.

00:41:50
Et ça m’a marqué.

00:41:51
Et puis, je donnais toutes les ordonnances.

00:41:53
Et puis, le grand professeur arrivait, validait toute la prise en charge.

00:41:57
C’était 6 mois, 1 an qu’ils attendaient pour le voir.

00:42:00
Et puis, hop, ils vont faire tous les bilans.

00:42:02
Et puis, je les revois, moi, un mois et demi après l’ensemble des bilans.

00:42:07
Je regarde tous les bilans.

00:42:08
Et puis là, il y a la femme qui me dit, et dites-moi, j’ai pas eu mes règles ce mois-ci.

00:42:14
Bon, après, on va aller faire un test de grossesse.

00:42:16
Et le test était positif.

00:42:17
Donc, c’était juste.

00:42:19
Alors, qu’est-ce que c’est?

00:42:19
Est-ce que c’est psycho?

00:42:21
Parce qu’elle commence à se prendre en charge.

00:42:23
Et le couple commence à se prendre en charge.

00:42:25
Est-ce que c’est mécanique?

00:42:27
Parce que dans les bilans, il y a l’hystérosalpingographie.

00:42:30
C’est un examen qui n’est pas agréable, qui vise à injecter du produit de contrastedans l’utérus et dans les trompes pour voir si les trompes sont bouchées.

00:42:37
Mais ça peut aussi faire un effet de wash-out.

00:42:39
Ça peut nettoyer les trompes et améliorer la fertilité.

00:42:44
Est-ce que, OK, c’est bon, on arrête de se prendre la tête.

00:42:47
Ça va être médicalisé.

00:42:48
Et le fait d’arrêter de se prendre la tête joue là-dessus.

00:42:51
Je ne sais pas.

00:42:52
Mais oui, clairement, ça s’observe.

00:42:54
Oui, clairement, ça peut aussi s’observer entre des fibres.

00:42:57
Allez, on fait une pause et on reprendra la five dans deux mois.

00:43:01
Et bim, la patiente, en fait, elle ne revient pas parce qu’elle est tombée enceinte naturellement.

00:43:05
OK, c’est possible.

00:43:06
Et l’autre danger qui peut y avoir, c’est la « danger » entre guillemets, bien sûr.

00:43:11
C’est la patiente qui a eu un long parcours de PMA,qui tombe enceinte, qui fait sa grossesse, qui accoucheet qui, dans le postpartum, dit « je ne veux pas prendre une pilule. »Moi, je n’ai jamais pris de contraception, je n’ai jamais rien pris là-dessus.

00:43:27
Et bingo, elle vient d’avoir son bébé.

00:43:29
Son bébé a quatre mois, elle n’a toujours pas de règles.

00:43:31
Elle fait un bilan et elle est enceinte.

00:43:34
Oui, c’est vrai.

00:43:35
Il y a beaucoup aussi ces histoires-là que finalement, je suis passée par un parcours PMA,donc je ne peux pas être enceinte naturellement dans la croyance.

00:43:43
Et finalement, bam, il y a un bébé qui arrive parce qu’il n’y a pas eu de contraception,parce qu’on m’a peut-être toujours dit que j’étais infertile ou parce que je pensais être infertile?

00:43:51
Parce que mon conjoint a peu de spermatozoïdes,mais qui dit peu de spermatozoïdes ne dit pas zéro,il peut y en avoir un pour un jour qui fait tout le chemin.

00:43:59
Donc encore une fois, il ne faut pas miser dessus,mais à un moment, la grossesse, elle lui était bienvenue quoi qu’il en soit.

00:44:06
Quand on a déjà un bébé de trois mois, retomé enceinte à ce moment-là, ce n’est pas simple.

00:44:11
Oui, ça peut faire beaucoup.

00:44:13
Donc c’est quelque chose qu’il faut savoir aussi évoquer avec les couples.

00:44:17
Bien sûr, si la patiente, elle a pu que de tromper parce qu’elle a fait deux grossesses extrautérines,ce n’est pas possible.

00:44:23
Mais à partir du moment où il n’y a pas une stérilité actée ou ce n’est pas possible autrement,et qu’on a juste une hypo-fertilité parce qu’il n’y a pas beaucoup de spermatozoïdesou parce qu’il y a des ovulations un peu irrégulières,voilà, il suffit d’eux.

00:44:39
Oui, donc la contraception est quand même importante dans ces situations-là.

00:44:43
À discuter dans le postpartum, même en post-AMP.

00:44:47
Ok, et alors ce qui intéresse aussi les auditeurs et auditrices qui écoutent ce podcast,c’est comment entretenir en fait sa vie de couple, son intimité en dépit de tous les traitements,en dépit de ce parcours d’infertilité qui, comme tu l’as dit, pèse lourd mentalement, psychiquement,mais aussi physiquement et relationnellement.

00:45:06
Quels outils on peut donner à ces couples-là?

00:45:09
Quelles sont les pistes pour ces couples?

00:45:13
Déjà, il va falloir qu’ils dichotomisent eux-mêmes dans leur psychiquela sexualité récréative et la sexualité reproductive.

00:45:22
Comme ils l’ont fait pendant des années avec la pilule,il va falloir aussi le dichotomiser.

00:45:28
Ok, monsieur n’a pas de spermatozoïdes ou madame n’a plus de trompe, ok.

00:45:32
Et bien, les médecins vont s’occuper de leur faire un bébé,mais eux, de leur côté, il y a toujours leur couple, il y a toujours leur intimité,il y a toujours leur sexualité.

00:45:41
Alors, il faut savoir se ménager des espaces, il faut savoir discuter PMA,il faut savoir discuter de l’infertilité,et puis il y a aussi des moments où il faut savoir discuter du couple,de l’amour, du lien, du plaisir, de la sexualité.

00:45:58
Et c’est deux univers qui vont évoluer en parallèle,mais il ne faut pas en négliger un par rapport à l’autre.

00:46:05
Donc, il n’y a pas de recette sur la fatigue, il n’y a pas de recette sur les hormones,il n’y a pas de recette sur la stimulation varienne.

00:46:13
Oui, il y a des moments où c’est moins le moment que d’autres,mais il y a des moments où ça devient le bon moment,et bien, savoir en profiter, savoir profiter des pauses,savoir profiter des moments où,bon, ben voilà, ça y est, on a fait ce qu’il fallait faire,on n’a plus qu’à attendre le résultat.

00:46:28
Voilà, essayer de se retrouver dans ces moments-là.

00:46:31
Maintenant, il faut aussi pas se leurrer.

00:46:32
Un couple qui vient en AMP, c’est pas un couple qui vient de se rencontrer,c’est un couple qui a 5 ans, 10 ans de vie de couple.

00:46:40
Et la vie de couple, quand on a 10 ans d’ancienneté,n’est pas la même que quand on s’est rencontré il y a 6 mois.

00:46:47
Donc, il y a pas mal d’études qui ont été faites sur la sexualité des couples post-AMP.

00:46:53
Bien sûr, c’est corrélé au succès.

00:46:56
Quand il y a eu une grossesse ou quand il n’y en a pas eu,ça peut avoir un impact dessus.

00:47:00
Mais ce qui est très vrai, c’est comment c’était avant.

00:47:04
Mais comment c’était avant qu’on parle bébé?

00:47:08
Ça, c’est hyper important quand on parle de sexualité du postpartumou sexualité de post-PMA,c’est quel est l’intérêt que le couple avait dans la sexualité avant tout ça.

00:47:21
Où est-ce qu’on en était?

00:47:22
Parce que, encore une fois, c’est pas la même chose d’avoir un couple sexophile,qui est ludique, qui joue avec le sexe,chez qui c’est quelque chose d’important.

00:47:31
Et un couple qui a des rapports sexuels, ils vont passer, il faut en faire.

00:47:35
Oui, une fois de temps en temps.

00:47:36
Donc clairement, les difficultés que peuvent être le parcours de PMA,que peuvent être la venue d’un enfant dans le couple et la redimension du trio,tout ça, ça peut être des excuses pour mettre la sexualité de côtéparce qu’elle n’était pas importante.

00:47:53
Mais chez des couples, chez qui tout marchait très bien avant,ça redémarrera plutôt bien.

00:47:59
Super intéressant ce que tu dis parce qu’effectivement,moi je me spécialise dans le postpartum et la sexualité,même périnatalité, donc tout autour.

00:48:07
Et effectivement, l’étude que tu disais, qui est sûrement la même,c’est souvent on va mettre la sexualité, le manque de libido,moins de désir, des difficultés sexuellesau fait qu’il y a eu un accouchement, une grossesse ou même un parcours PMA.

00:48:23
Et en fait, au final, quand on questionne,c’est finalement la sexualité pré-grossesseet même avant même de pensée et conception,définit plus ou moins la sexualité qui sera en fait en postpartumou post-parcours PMA.

00:48:37
Que ce soit du côté des hommes ou du côté des femmes,il y a trois profils.

00:48:41
Il y a les sexophiles, les hommes, les femmes qui aiment le sexe.

00:48:45
Alors c’est pas forcément la même propension dans les deux genres,mais qui aiment le sexe, pour qui ça a toujours été quelque chosed’important dans leur vie.

00:48:51
Dès le plus jeune âge, il y a eu une curiosité,il y a eu une envie de découvrir, de partager avec ça.

00:48:57
Ça fait partie de leur équilibre.

00:49:00
À l’opposé de ça, il y a les sexophobes qui n’aiment pas le sexe.

00:49:03
Il n’y a vraiment aucun intérêt, aucun plaisir que des enduits.

00:49:08
Et puis au milieu de ça, il y a les intermittents.

00:49:11
Quand tout va bien, on peut faire des trucs sympas.

00:49:13
Et puis quand ça ne va pas, quand il y a des difficultés,quand il y a des problématiques avec soi, avec son corps,avec son relationnel, avec son partenaire, avec ses amis,avec des soucis en général,ça va impacter négativement la sexualité.

00:49:26
Mais quand ça va, ça va.

00:49:27
Chez les femmes, clairement, la plupart sont plutôt dans ce registre-là.

00:49:32
Et clairement, le parcours en AMP, la grossesse, le postpartumpeuvent être des situations qui déstabilisent une situationqui n’était pas forcément toujours au beau fixe.

00:49:43
Au beau fixe, ouais.

00:49:44
Oui, en tant que sexologue, quand on accompagne les couplesqui sont déjà sexophiles,bon là, c’est quand même assez aisé, assez facile.

00:49:51
Quand c’est les couples entre deux,bon, il y a des choses, des possibilités à faire.

00:49:55
Mais quand c’est des sexophobes, comme tu dis,qui pour ces personnes-là, la sexualité,bon, ça ne fait pas partie de leur priorité ni de ce qu’ils ont envie,ça, ça aussi peut-être à entendre.

00:50:05
Et est-ce qu’il y a vraiment des outils à proposer là-dedans?

00:50:09
Alors, s’ils se sont trouvés et qu’ils sont tous les deux sexophobes,il faut les laisser tranquilles.

00:50:13
C’est les asexuels.

00:50:14
Il y a 1 % de la population qui déclare n’avoir aucun intérêt pour la sexualité.

00:50:19
Très bien. Je veux dire, ils prennent d’autres plaisirs.

00:50:22
Moi, j’ai eu un couple qui est venu me consulter pour faire des enfantset qui me racontait, nous, notre plaisir, docteur, c’est de lire.

00:50:28
On lit le même livre en même temps.

00:50:31
Bon, ok, très bien.

00:50:32
Et ça faisait 8 ans qu’ils étaient ensemble.

00:50:35
Mais quand je les ai interrogés, leur dernier rapport sexuel, c’était il y a un an.

00:50:38
Et ils n’envisageaient pas d’en avoir d’autres.

00:50:41
Bon, encore une fois, si on revient sur l’AMB,toute la difficulté, de quelle manière je peux les forcer à en avoir ou pas,mais est-ce qu’il faut surmédicaliser la situation?

00:50:50
C’est un vrai problème, éthique de staff.

00:50:53
Oui, c’est ça.

00:50:54
On revient à l’éthique.

00:50:55
Qu’est-ce qu’on fait quand on a ça?

00:50:56
Parce que c’est à respecter, effectivement, on ne va pas les forcer.

00:50:59
Et finalement, il y a des solutions qui existent, qui sont médicalisées.

00:51:03
Mais comme tu dis, c’est un travail encore d’équipe,d’écoute, effectivement, des patients, des gens avec ce qui vient.

00:51:11
Et puis le côté médical, qu’est-ce qu’on peut faire?

00:51:13
Donc, comme tu dis, c’est toujours un peu la balance.

00:51:16
Dans tous les cas, il y a des fois, on jongle un petit peupour apporter le meilleur dans la situation.

00:51:22
Tout à fait.

00:51:23
OK.

00:51:24
Est-ce qu’il y a autre chose que tu vas rajouter avant ma dernière question finalesur justement quand la fertilité peut impacter la sexualité?

00:51:33
Il faudrait que les couples puissent en parler.

00:51:35
Alors c’est toujours gênant.

00:51:36
En face, quand c’est de la sexo, c’est toujours compliqué,même en dehors de la grossesse.

00:51:41
Quand il y a une difficulté, le couple attend que le médecin,médecin généraliste ou le gynéco pose la question et votre sexualité,comment ça va.

00:51:51
Le médecin qui n’est pas formé à ça n’a qu’une trouille.

00:51:54
C’est qu’on évoque ce sujet sur lequel il n’est pas du tout, du tout, du tout à l’aise.

00:51:57
Donc, il y a un petit peu une zone non-die,alors que le patient voudrait et le médecin dit,oh là là, je ne suis pas formé là-dessus, surtout pas.

00:52:05
N’empêche que, si réellement il y a une souffrance dans le couple,dans le parcours d’AMP, il faut qu’il sache évoquer cette problématiquepour demander soit le suivi avec un sexologue, soit le suivi avec un psychologue.

00:52:22
Voilà, donc le médecin devrait faire l’accompagnement psycho et sexo.

00:52:27
Et si ce n’est pas le cas, le patient devrait pouvoir en parler.

00:52:32
Oui, donc du côté des patients, de pouvoir aborder ça.

00:52:35
Et en face aussi, du côté des médecins praticiens,si vous n’êtes pas à l’aise avec ça, si vous n’avez pas le temps,si ce n’est pas votre tasse de thé,au minimum, de recommander, de donner une brochure ou peu importe,mais de recommander pour qu’il y ait un accompagnement, justement,vis-à-vis de la demande des patientset un accompagnement, comme vous le disiez, psychologique, sexologique.

00:52:54
Oui, c’est ça.

00:52:55
Donc, le médecin, il devrait pouvoir être à l’aisepour pouvoir en parler et être à l’écoute,pour pouvoir informer et conseiller,éventuellement même anticiper les difficultésque pourraient avoir le couple et les patients,et proposer des prises en charge spécifiquesou orientées vers le confrère.

00:53:10
Mais bon, ça, ce n’est pas tous les médecins d’AMPqui sont formés en sexo pour faire le double acompagnement.

00:53:16
Et oui, parce que ça demande aussi une formation, etc.

00:53:18
Mais au moins, au moins, sinon, de rediriger.

00:53:21
C’est le minimum, moi, je trouve, de rediriger.

00:53:23
Le top, c’est d’avoir dans l’équipe quelqu’unet puis savoir, sinon, avoir un réseauet on le sait au combien c’est important dans nos spécialités.

00:53:31
Oui, OK, merci.

00:53:32
Alors, ma question finale.

00:53:33
Si les gens ne devaient retenir qu’une chose de la sexualitéou de l’éducation sexuelle, qu’est-ce que ce serait pour toi?

00:53:39
La première chose qui te vient à l’esprit.

00:53:41
Alors, c’est que, bah, aujourd’hui, on vit dans une sociétédans laquelle la sexualité a été décomptomiséeen récréative et en reproductive.

00:53:50
Que le reproductif, c’est rare,puisque, bah, je vous souhaite d’avoir le moindre rapport sexuel au reproductif.

00:53:56
Ça veut dire que ça marche tout de suite.

00:53:58
C’est quelque chose de relativement instinctif et naturel.

00:54:03
J’ai mis quand même le relativement devant.

00:54:05
Mais l’objectif, c’est que le spermatozoïde rencontre l’ovulepour former un embryon et que ça s’implante.

00:54:10
Mais que la sexualité récréative,pour passer du bon temps avec son ou ses partenaires,même si ça concerne la même zone,même si ça concerne les mêmes outils, les mêmes organes,les mêmes instruments, eh ben, en fait, ça s’apprend.

00:54:24
C’est pas naturel.

00:54:25
Ça obéit à des codes, à des codes de la sociétéqui évoluent au fil des ans,qui évoluent en fonction des régions du monde,qui vont être impactées par différentes choses,que ce soit l’éducation qu’on a pu avoir,que ce soit la santé,les risques sanitaires qu’il peut y avoir autour de ça,que ce soit la loi qui autorise ou qui n’autorise pas cette bonne pratique,que ce soit les médias, la mode, la littérature.

00:54:50
Et donc cette sexualité récréative,pour passer du bon temps, eh ben, elle n’est pas innée,elle s’apprend et on apprend à manger, on apprend à marcher,on apprend à jouer au tennis, on apprend, eh ben,il va falloir aussi apprendre la sexualité et ses codes.

00:55:07
Merci.

00:55:08
Samuel, où est-ce que les personnes peuvent te retrouver?

00:55:10
Je crois que tu as une chaîne YouTube.

00:55:11
Est-ce que tu veux, voilà, nous partagerlà où les gens peuvent te retrouver,ou même la conférence TEDx,je la mettrai aussi dans les liens de l’épisode.

00:55:20
Alors moi, je veux aussi vous transmettre des articlesque j’ai achetés et que j’ai écrits sur ce sujet,mais « Reproduction et Fertilité ».

00:55:30
Il y a une petite vidéo aussi que j’ai mise sur YouTube là-dessusqu’on peut mettre en lien.

00:55:36
Et puis, si besoin, il y a le Facebook,où ils peuvent me contacter, Samuel Salamar.

00:55:41
S’il y a des questions, s’il y a des besoins,je reste à disposition avec grand plaisir.

00:55:45
Super. Merci beaucoup Samuel pour toutes ces explications super enrichissanteset qui, j’espère, vont donner aussi des pistesaux personnes qui se retrouvent dans cette situationet de ne pas hésiter à en parler et d’être accompagnées.

00:55:57
Un grand merci Samuel et je te dis à bientôt.

00:55:59
C’était un grand plaisir et au plaisir de se retrouver.

00:56:02
A bientôt.

00:56:05
Merci encore Dr Samuel Salamar de nous avoir partagé ses connaissances,sa pratique, ce qu’il entend, ce qu’il voit,sa vision des choses aussi vis-à-vis de ce parcours PMAet de l’impact que ça peut avoir sur la sexualité des personnesqui sont justement dans ce parcours.

00:56:24
Et on a bien entendu aussi tout du long de l’épisodel’importance finalement d’un meilleur accompagnement,que ce soit en termes psychologiques ou sexologiques.

00:56:35
Voilà, si vous avez des remarques par rapport à cet épisode,des questions, n’hésitez pas à m’en faire part sur Instagram ou par email.

00:56:43
Je vous mets tout ça dans les notes de l’épisode.

00:56:46
Pour ne louper aucun épisode, n’hésitez pas à activer la petite clocheou à vous abonner à l’épisode, comme ça vous allez vous suivreles épisodes au fur et à mesure qui s’arrivent.

00:56:56
On se retrouve à la toute fin de l’année 2022.

00:57:00
J’espère que ça a été une année riche en expérienceset en expériences variées, que ce soit des up and down.

00:57:07
Que c’était une année riche pour vouset qu’elle se termine sur une jolie note.

00:57:12
Et qu’elle puisse commencer sur une jolie note aussi, c’est l’idée.

00:57:15
Je vous remercie encore pour toutes vos écoutes, vos remarques,vos commentaires vis-à-vis de ce podcast qui est présentmaintenant depuis le mois de septembre, donc il y a quelques petits mois.

00:57:26
C’est un petit jeune podcast et je vous rassure qu’il sera toujours présent en 2023parce qu’il y a déjà des épisodes prévus, planifiés, enregistréspour le début de l’année 2023.

00:57:36
Donc soyez à l’écoute.

00:57:38
Je vous souhaite de très belles fin d’annéeet en attendant de revenir dans vos oreilles,je vous souhaite de belles expériences intimes.

00:57:44
À tout bientôt!

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